Gatsby le magnifique par Nananah
Dès l'incipit, nous sommes prévenus. Nous allons assister à la vie de gens que l'on ne pourra se permettre de juger. Et effectivement, on ne les jugera pas, ni eux, ni Fitzgerald lui-même, puisque c'est un peu de lui qu'il s'agit ici. Témoins de leurs vies via un narrateur effacé, on sera plongé dans la superficialité des paillettes pour en retomber de plus haut lorsque le ton du livre se fera profondément mélancolique.
Au milieu de tous ces personnages indifférents, qui noient l'ennui et le manque de sens à leur vie dans la débauche, Gatsby lui a un but - illusoire certes - qui l'empêche de tourner à vide. Seul au milieu de la foule, au-dessus de tous mais aussi plus bas que terre car il n'a pas compris le monde dans lequel il vit, Gatsby ne vaut pas mieux que les autres au fond mais est extrêmement touchant, confronté à la désillusion d'une réalité sordide, ce que ce mou de Carrigan parvient - trop tard - à comprendre.
Ce court roman, aux airs de tragédie grecque, est par ailleurs porté par un style extrêmement poétique qui en accentue la portée. Je termine ce livre très émue, avec l'envie, déjà, de le relire.