Qui ne connait pas cette œuvre ne serait-ce que par son titre? Germinal est LE roman révolutionnaire à l'état brut, sans mièvrerie romancière qui dénaturerait l'essence même de cette lutte ouvrière. Quand on lit Germinal, on sent presque l'odeur d'oignon cuit qui imprègne les habitations sommaires du coron, on étouffe de claustrophobie dans le méandre des galeries souterraines de la mine, on vit le grondement ouvrier qui déferle peu à peu sur la plaine. Le peuple réclamant son pain, exigeant ce que le dur labeur de son travail lui doit vraiment, prêt à mourir de faim plutôt que de vivre l'échine courbée se contentant des miettes de la survie.
Mais ce qui fait de ce roman une fresque monumentale, c'est la façon dont Zola nous montre toutes les faces de la révolution.Les ouvriers mineurs de fond doivent s'affronter entre eux, en plus d'affronter le patronnât et nous assistons à la naissance même du syndicalisme quand la politique s'infiltre dans la cause sociale. L'autre face de la révolution est également judicieusement présentée à travers ces familles aisées qui ne sont finalement que d'autres rouages de la machine capitaliste. Le véritable ennemi est justement cette entité fantôme, le Capital, car même quand les fortunes s'effondrent, même quand les pauvres crèvent de faim, celui-ci vivra toujours tel un vortex se nourrissant de la cupidité humaine.
Bref, il faut comprendre que Germinal n'évangélise ni ne diabolise les classes sociales, il pose les choses telles qu'elles sont, crûment, durement, réellement.Lire Zola permet d'avoir une vision plus large du monde car il nous montre tout et si on se donne la peine de vouloir comprendre, il ouvre les barrières de l'étroitesse d'esprit et même si on pense que les choses du dix-neuvième siècle sont révolues, je vous assure que même si les moyens et les contextes sont différents aujourd'hui, le Capital fonctionne toujours de la même façon.
Oui, c'est votre idée, à vous tous, les ouvriers français, déterrer un trésor, pour le manger seul ensuite, dans un coin d’égoïsme et de fainéantise. Vous avez beau crier contre les riches, le courage vous manque de rendre aux pauvres l'argent que la fortune vous envoie... Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose à vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragé d'être des bourgeois à leur place.