Selon le bord politique, on peut classer le roman de Laurent Obertone comme simple affabulation, comme roman de science-fiction, ou alors fiction d'anticipation proche. Il est tout de même impossible de rester indifférent, au vu des faits divers et de l'actualité de ce début de troisième décennie pour nier le fait que le contexte de départ du roman est diablement cohérent.
La suite est d'autant plus intéressante qu'elle est originale dans sa façon de traiter l'effondrement d'une civilisation, en choisissant de prendre le parti pris de la guerre civile communautariste plutôt que l'attaque de zombie ou l'effondrement économique. C'est une alternative comme une autre, et forcé de constater qu'Obertone est suffisamment bon conteur pour nous tenir scotché du début à la fin.
J'ai donc particulièrement apprécié la lecture de ce roman; c'est concis, aéré, sans artifices, et par conséquent efficace. D'aucuns pourraient le considérer comme un petit frère rebelle de Michel Houellebecq, Obertone se révèle plus anxieux, subversif et critique que la plume désabusée et sarcastique du premier.
Ici, peu ou pas d'humour, seulement le sang, les larmes et le crépuscule d'une France déchirée de l'intérieur. Un roman qui peut être accusé de souffler sur les braises, ce que je comprends, mais qui a le mérité de mettre en garde sur ce qui pourrait se passer si certaines dérives finissent par se répéter jusqu'à ce que la coupe soit pleine.
A lire donc, mais avec du recul et un esprit critique.