Le temps et la patience sont les meilleurs guerriers
Léon Tolstoï est un noble russe qui écrit des pavés de 2000 pages par plaisir.
Il y a beaucoup de personnages, j'ai d'abord cru lire un feux de l'amour version russe 1805 mais finalement ce sont toujours les mêmes personnages que l'on suit et ils ne sont pas si nombreux et finalement le livre superpose suffisamment d'autres événements pour qu'on ne s’ennuie pas.
La Bataille d'Austerlitz a été pour moi le point culminant du récit ; elle est décrite d'une façon si vivante que je me suis cru projeter au cœur de la bataille. Le fait qu'on ai suivi les personnages participants auparavant sur plusieurs centaines de pages m'a vrillé le cœur. C'est aussi le point d'inflexion du roman, car cet événement historique agit un peu à la manière du fait de finir un donjon dans zelda ocarina of time : le monde a changé. Et on se plait à découvrir l'évolution psychologique des personnages.
En fil rouge, on suit un personnage tout à fait étranger à la guerre qui a attiré toute ma compassion : Pierre.
Ce personnage vit en décalage de l'intrigue principal perdu dans sa propre quête spirituel et personnelle. Ce n'est finalement qu'après l'épreuve de la guerre (1812) que ce personnage atteint la libération.
J'ai aimé le message de Tolstoï (qui s, répété inlassablement et de plus en plus fortement et clairement au fil du récit : le destin inéluctable, le déterminisme absolue en toute chose, l'impuissance de l'homme, l'illusion du libre arbitre.
Particulièrement incarné par l'exemple des vieux généraux Koutouzov et Bouragin. "Le temps et la patience sont les meilleurs guerriers"
Le style de Tosltoï est assez froid et impersonnel, très très formel, proche du style d'écriture des romans américains. Ce sont des livres qu'on lit pour les concepts et l'intrigue mais ça s'arrête là.
Dans la description d'une partie de chasse, Tolstoï est tout simplement exécrable (je le compare à Tourgueniev ici) et j'ai délibérément sauté plusieurs pages tellement ça me dégoutait.
Les personnages incarnent des concepts, mais leur traits physiques, leur façon d'être ne sont que des habillages comme les signaux fluorescents qu'on utilise pour distinguer de façon invariable telle ou telle molécule. L'histoire et son habillage n'est qu'un prétexte à Tolstoï pour dérouler ses concepts et ses réflexions. Bon voilà c'est Tolstoï. Mais je trouve ça dommage car ce qu'il a estimé superficiel pour la guerre et la paix, je trouve ça essentiel. Être capable d'apprécier, d'enchanter le monde, d'en déceler toute la magie voilà qui aurait été poétique. Beau roman qui a tout de même réussi à me faire pleurer plus d'une fois malgré tout.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.