HHhH raconte l'histoire de Laurent Binet qui écrit un livre sur l'attentat contre Heydrich commis par deux (en réalité trois) parachutistes tchécoslovaques en 1942.
On n'a donc affaire à une mise en abîme. Et autant évacuer ça tout de suite, c'est assez raté. Les pérégrinations et hésitations de Binet sur la façon dont il doit écrire son livre, ce balancement entre tentation de la fiction et volonté de respecter l'histoire n'a pas un grand intérêt. Bien que l'idée soit très intéressante, ça ne fonctionne pas avec le récit qu'il raconte. Il n'arrive pas à faire le lien entre les deux éléments si bien que les hésitations se traduisent en fait par des intéruptions intempestives dans la narration. Si sur les premières pages cela donne au roman une touche de cours d'histoire mené par un professeur passioné (et passionant), passé le tiers du livre on a plutôt la senstation de lire la copie d'un étudiant médiocre qui tente tant bien que mal de meubler. En bref, dans la durée, ça devient agaçant.
C'est d'autant plus gênant que l'auteur se permet certaines comparaisons et critiques de l'Histoire qui ne sont ni spécialement pertinente, ni utiles au récit. Le plus gros reproche qu'on puisse donc faire à ce livre, c'est que son auteur s'y implique trop. Pas qu'il s'implique trop dans l'écriture, ce qui serait une qualité, mais il s'implique trop dans le récit. On se demande par moments si finalement, ce n'est pas un livre narcissique sur Laurent Binet vu par Laurent Binet.
Ce qui est assez dommage car l'histoire que nous raconte Binet est passionnante. Il pose très bien les éléments de contexte. La tension monte petit à petit. C'est très prenant. Ici, pas de voyeurisme comme on en trouve dans certains "récits vérité". Chaque phrase, chaque description a le soucis du respect de la mémoire de ces héros. C’est une qualité à souligner. J’ai beaucoup aimé la description de la Tchécoslovaquie, son histoire, la vie de ses habitants. Il ne rajoute pas non plus de drama. Les faits le sont déjà assez. En bref, il réussit au moins sur un point : nous raconter de la manière la plus fidèle possible ces terribles événements.
La dernière partie, celle qui raconte (enfin) l'attentat et la traque est palpitante. Un vrai bonheur à la lecture qui permet d'oublier les atermoiements des débuts.
En bref, on est en présence d'un roman tout de même bon. Malgré les interruptions, la lecture est plutôt fluide. L’écriture n’a rien d’extraordinaire mais reste prenante. Ça aurait pu être un excellent livre si on l’avait expurgé de sa part inutile.