Grand amateur de l'essayiste, du chroniqueur, du philosophe, du candidat... bref, grand amateur de Gaspard Koenig c'était pourtant la première fois que je lisais un de ses romans. Je regrette donc un peu de ne pas complètement retrouver la même plume, si maîtrisée, que celle de ses essais.
Humus est certainement un livre très sincère et écrit avec le cœur, il n'empêche qu'il souffre de nombreuses petites maladresses disséminées ça-et-là. Le style déjà, bien que très efficace et même plutôt plaisant à lire, apparaît parfois encore trop académique avec des images et métaphores pas forcément très inspirées qui auraient pu être écrites par n'importe qui. C'est particulièrement vrai des scènes de sexe impliquant deux êtres humains où l'on doit se farcir les éternels poncifs descriptifs de ce genre de scène là où, ironiquement, celles impliquant les vers de terre où la terre sont tout de suite un peu plus recherchées.
En outre, malgré une maîtrise indéniable du rythme de son œuvre, Koenig vient un peu tout gâcher dans ses derniers chapitres avec un virage beaucoup plus action dont le livre n'avait absolument pas besoin. Alors que les moments les plus marquants de Humus sont clairement ceux où Koenig dépeint et décrit avec amour tout l'écosystème des vers de terre - ainsi que son constat acide (mais pas non plus très original) sur les hautes écoles - cela est loin d'être le cas pour ses passages "Houellebecquiens".
Autre regret, si l'engagement de l'auteur à ne pas prendre parti ni pour la cause d'Arthur, ni pour celle de Kevin, est louable dans sa volonté à présenter deux voies de bifurcation différentes, il n'en reste qu'il tombe de temps à autre dans la caricature grossière et certains raccourcis un peu faciles.
Tout cela étant dit, Humus reste un excellent roman sur les questions que se posent ma génération et l'avenir incertain des "bifurceurs" et autres extincteurs, avec certains moments de grâce qui nous font voyager dans le monde si peu connu et pourtant merveilleux des lombrics.