Paul Auster sait offrir de bien jolis voyages littéraires - de bien belles pages des personnages ambigus. Mais, malgré un jli texte, cette capacité peut parfois sembler presque prévisibles, ou sans trop de surprise, quand revient un petit système comme déjà vu auparavant. Ici, Paul Auster nous offre ainsi “le manuscrit écrit par un autre mais édité par un narrateur écrivain”, schéma peu éloigné d’un des romans de la trilogie newyorkaise… Cela peut sembler une marotte d’écrivain, aimant jouer avec les voies et les tons, et inventant ainsi plusieurs manuscrits à emboîter dans son roman ; une marotte d’écrivain prend parfois le risque de laisser des coutures apparentes ou de n’intéresser que les plus écrivains de ses lecteurs…
Cependant, malgré cette petite surprise pas forcément très tentante, il faut reconnaître que l’ami Auster trousse un beau voyage de ces différentes voix et différents manuscrits. Personnages ambigus, jeunes poètes naviguant dans les années 60, belles pages d’un doux inceste frère - soeur, enquête pour assembler les morceaux, tout coule magnifiquement, et offre de belles pistes de pensées sur les faux-semblants, les aspirations initiales dans la vie, la loyauté envers la morale, les espions qui peut-être n’en sont pas. Oui, tout s’écoule bien, les changements de manuscrits et de tons finissent par distraire plus qu’à rebuter le lecteur, et seuls subsistent fortement les thèmes offerts par l’auteur, et surtout les jolies voix, les jolies personnes qu’il laisse entendre.