Hélas ! on croit ne tenir à rien, et l'on s'aperçoit un jour qu'on
s'est pris à soi-même à son propre jeu, que le plus pauvre des hommes
a son trésor caché. Les moins précieux en apparence ne sont pas les
moins redoutables, au contraire.
Lire un roman de Georges Bernanos est toujours une sorte de défi, le comprendre aussi, écrire une critique sur celui-ci pareillement. L'auteur avec sa prose aussi obscure que son catholicisme est sombre ne veut pas caresser le lecteur dans le bon sens. Il est sans concession, impitoyable à ce niveau-là. Ce qui fait, enfin je parle pour moi évidemment, qu'on entrevoit plus le message qu'on ne le voit.
Les petites choses n’ont l’air de rien, mais elles donnent la paix.
Sous le soleil de Satan (qui est l'autre roman célèbre de l'auteur !) nous contait l'histoire d'un simple prêtre, simple dans à peu près tous les sens du terme, qui veut combattre le démon en chacun de nous ; combat évidemment perdu d'avance. Journal d'un curé de campagne lui nous conte plutôt l'histoire d'un jeune prêtre cacochyme qui veut essayer d'insuffler de la grâce à tous les êtres. Combat difficile, épuisant, mais pas totalement impossible ; même si ce n'est pas sans conséquence, l'indifférence, au mieux le mépris, étant ce à quoi notre personnage a le droit le plus souvent en retour. Et pourtant, il réussira à trouver de la grâce, et même parfois à en insuffler, là où on penserait qu'il n'y en avait pas.
L'enfer, c'est de ne plus aimer.
Donc, ce qui fait qu'à l'opposé de Sous le soleil de Satan, l'atmosphère enténébrée de Journal d'un curé de campagne va laisser place à quelques petits rayons de lumière, non pas diaboliques, mais au contraire pleins de grâce, et qui n'en sont que plus marquants et que plus touchants.
Tout est grâce.