L’esprit du roman de Bernanos est respecté dans cette adaptation réalisée par Robert Bresson. Si le film garde la construction en trois partie, la forme choisie par le cinéaste est faite de scènes très courtes pendant près de la moitié du film, accompagnées par une voix off récitant un texte qui s’écrit sous nos yeux (de la main de Bresson lui même), avant de s’en affranchir pour nous accompagner dans les scènes plus longues. Ce style original où une scène chasse l’autre, génère une description sans concession d’une impossible recherche vers la spiritualité et la rédemption. S’attardant peu dans les dialogues, sans cesse entrecoupés par la mesquinerie, la continuité dans l’action est réduite au minimum, menant au contraire un enfermement dans la grisaille de la vie terrestre que l’agitation et la souffrance intérieure du prêtre ne parvient jamais à briser, exception faite d’une sublime scène avec la Comtesse, mais qui se terminera tragiquement, enfonçant encore une peu plus paysans et aristocrates dans leur médiocrité, ici accusatrice. Claude Leydu parvient à exprimer avec talent le combat intérieur de cet homme rongé par la maladie et la détresse psychologique, ses forces et ses faiblesses paradoxales face à une adversité constante. Seule faiblesse, mais de taille, la musique envahissante de Grünenwald qui apporte une lourdeur contrastant avec la finesse des images de Léonce-Henri Burel. Taxé de prosélytisme (!?!), Bresson trace au contraire un portrait bien sombre de la condition de curé et de sa mission vis à vis de la foi, que Bernanos n’aurait certainement pas renié.