Livre pris au hasard de ma bibliothèque sans aucun a priori, sans rien avoir lu de Genet et rien savoir de lui ou presque. C'est peut être là mon problème.
Journal d'un voleur n'est pas une autobiographie mais un enregistrement de la pensée de Genet au fur et à mesure qu'il se souvient de sa vie. En conséquence, les anecdotes, lieux et personnages se suivent dans le désordre. Le style est excellent. Les phrases y sont magnifiques et la description de l'abime ou il vit sont si réalistes qu'il n'a aucune peine à nous emmener avec lui.
Cependant
Le livre est pénible. Sartre et Beauvoir trouvent que Genet crée son propre style, c'est peut être vrai mais à l'image d'une pensée, le livre est infiniment décousu. Quelques personnages récurrents : Stilitano, Armand, Robert; d'autres évanescents, certains sans même de noms. Des bouts d'anecdotes passées ou futures s'intercalent au milieu des morceaux de récits ou en notes de bas de page. La chronologie n'est pas importante, les dialogues non plus (il admet même sur la fin qu'il les invente). Une épiphanie en pointillés se mélange au discours tandis que Genet découvre et relate comment la vie parmi les plus marginaux des criminels et des pêcheurs le rapproche d'une vision de Dieu qu'il tente de nous transmettre.
Finir le livre n'a bizarrement pas été aussi dur que je le pensais, une dernière anecdote sur l'ambition qu'il discute de trahir l'homme qu'il aime venant à nouveau éveiller l'attention du lecteur. On ne saura pas si l'événement a lieu, nouvelle digression sur les implications morales de cet trahison en devenir et le livre s'achève.