Le problème de Karoo, c'est qu'il met en scène un script doctor -chargé de réparer les mauvais scénarii hollywoodiens- pour en montrer le cynisme mais qu'en fait, avec une bonne grosse ficelle aux deux-tiers du parcours, il épouse les pires affres du scénario bancal à ficelle.
Sinon, le temps de s'acclimater au cynisme amer et laconique dudit Karoo, on prend quand même un vague plaisir à le suivre dans ses pérégrinations mentales. Mais même si on sent que Teschich a voulu mettre de l'auto-biographique (lui même était scénariste ciné avant d'être écrivaillon), la volonté de prendre systématiquement le contrepieds dans les raisonnements du personnage rend la lecture parfois un brin fatigante.
Et après le climax déjà évoqué en paragraphe 1, le bouquin a tendance a se laisser mourir docilement. Teschich passe de la 1ère à la 3ème personne et c'est, volontairement sans doute, Karoo lui-même qui devient étranger. Pour un ouvrage judicieusement achevé quelques jours avant sa mort, c'est un peu dommage : même sur son lit de mort, impossible de dépasser son ataraxie apathique et de coucher sur papier ses purs névroses sans ambages.