Ce petit essai anti-sexiste bouscule les idées reçues, et agite la lectrice et le lecteur, avec sa faconde habituelle, en donnant, comme souvent dans le trash, voire le glauque. Virginie Despentes donne ici un nouveau coup de poing, pour démontrer, en effet, la fragilité de la condition féminine, que rien ne justifie véritablement, ce qu'elle montre notamment en inversant les rôles entre femmes et hommes.
Elle livre un assez long passage sur la prostitution, en relatant sa propre expérience. Si elle n'est pas favorable à son développement, elle précise qu'il va être difficile de l'endiguer, car cette pratique constitue un moyen facile de se procurer de l'argent rapidement, ce qui n'enlève pas l'écoeurement de vendre son intimité. Mais, pour celles qui arrivent à passer cet a priori, les besoins financiers prennent le dessus et cela n'est pas condamnable. Elle n'en fait pas l'apologie, mais explique le mécanisme ; c'est intéressant.
Elle relate bien également son combat contre le viol, avec tout ce que cela a de fatigant, à la longue, avec ces témoignages en série qui lui sont fait. Elle ne manque pas de courage.
Je partage moins son avis sur le cinéma pornographique. Elle défend certes sa paroisse, mais assimiler cela à des films ordinaires, car ce segment peut tout aussi bien produire des oeuvres de qualité, relève quelque peu du raccourci. Elle spécifie en quoi les hardeuses inspirent du respect.
Virginie Despentes avance, avec force, des positions arguments, avec lesquelles chacune et chacun s'accorde ou non, mais qui ont le mérite de faire réfléchir, de prendre du recul, sur des idées reçues et des positions arrêtés de manière un peu rapide. Ce petit essai est donc utile.