Dans la contexte de la sortie du film avec Omar Sy, je me suis laissée tenter par la lecture de cette célébre pièce de théâtre, ne me souvenant plus si je l'avais déjà lue ou étudiée à l'école. En effet, la subtile nuance séparant la gratouille de la chatouille et l'idée selon laquelle une personne bien portante est un malade qui s'ignore, sont à tel point ancrées dans la culture générale francophone que cette pièce que l'on l'aie lue, vue ou pas, génère un fort sentiment de familiarité.
En fin de compte, je ne saurais dire si je l'ai lue ou étudiée enfant, car à sa lecture ou relecture en adulte, je ne peux que supposer qu'elle n'avait pas plus marqué ma mémoire à l'époque qu'elle ne la marquera maintenant.
L'histoire repose entièrement sur un ressort excessivement manichéen, principalement dû au fait que Jules Romain ne propose aucun countre-point intéressant au personnage de Knock. Il vient, voit et vainc une brochette de personnages crédules, sans relief, et seulement vaguement comiques pour les plus intéressants d'entre-eux, qui succombent les uns après les autres à la propagande "médicaliste" de Knock. Il ne rencontre aucun écueil ou adversaire digne de ce nom et cette absence de contraste engendre selon moi la plus grande faiblesse narrative de ce texte. On voudrait voir Knock vaciller ou ébranler dans son absurde croisade consistant peu ou prou à mettre tout le monde au lit et faire tourner la caisse enregisteuse du pharmacien. Même le docteur Parpalaid qui lui a cédé son cabinet pour s'installer à Lyon et qui revient en fin de pièce à Saint-Maurice, fait preuve d'une mollesse intellectuelle et d'une incompétence argumentative invraisemblables.
Quant à la supposée satire du monde médical - sans que l'on puisse par contre en faire un reproche à l'auteur - à l'heure où l'accès à une information médicale est permise aux prophanes grâce à Internet et met à mal la place dominante et patriarcale de la blouse blanche, elle a plutôt mal vieilli.
Bref, faites-vous votre propre opinion, la lecture est trop courte pour que je fasse barrage de mon corps entre vous et votre exemplaire, mais je vous aurai prévenu.
Merci de m'avoir lue.
Amitiés,
Dustinette.
Dustinette