Pour les adeptes des côtés obscurs de la Cité des Anges...

James Ellroy est incontestablement un des maîtres du roman noir. Bon nombre de ses bouquins font partie des plus célèbres du genre. L.A. Confidential fait partie de cette caste. Cela fait des années que j’avais envie de le lire sans jamais prendre le temps de le faire. J’ai enfin comblé ce manque récemment en profitant des dernières vacances estivales pour me plonger dans la suite de Le Dahlia noir et Le Grand Nulle Part.

L’intrigue se construit autour d’un trio de policiers. Ed Exley est présenté comme le « parfait élève ». Il est sur la voie royale pour grimper dans la hiérarchie du LAPD. Ses qualités professionnelles sont ses atouts, sa capacité à se faire détester par ses collègues un vrai défaut. Bud White est un concentré de colère, de haine et de violence. Mieux vaut ne pas se trouver dans son viseur car peu en sortent indemne. Il voue une haine à Ed. Enfin Jack Vincennes bosse « en off » pour un magazine à scandale en étant devenu un spécialiste pour révéler les addictions et les secrets inavouables des stars du cinéma. Tout ce petit monde va voir leurs destins s’entremêler au cours d’une histoire complexe aux conséquences imprévisibles…

L’intrigue débute en 1951 par un événement qui sera connu par la suite sous le nom de « Noël sanglant ». C’est à travers une bataille rangée entre policiers et prisonniers un soir de réveillon que le lecteur découvre les protagonistes principaux du roman. La violence et les excès des actes menés à ce moment-là donne le ton de l’histoire. L’écriture d’Ellroy est assez remarquable pour faire passer la sensation de chaos bestial qui habite le commissariat à cette occasion. C’est ici et maintenant que s’installent les relations complexes et houleuses entre les différents membres du LAPD qui ne sortiront pas tous par la grande porte de cette nuit. Les conséquences de tout cela mettent en lumière la dimension politique du LAPD qui ne cessera jamais vraiment d’accompagner le parcours des héros.

Le fait de construire l’histoire autour d’un trio de policiers d’égale importance fait naturellement naitre un scénario dense et complexe. La narration est alimentée par plusieurs affaires différentes qui pour certaines sont amenées à s’entremêler. De plus, les nombreuses pérégrinations des protagonistes leur font logiquement croiser une riche galerie de personnages secondaires. Ces ingrédients couplés au talent d’écriture de James Ellroy proposent ainsi une histoire passionnante dépourvue de temps morts. Néanmoins, je me dois de conseiller aux futurs lecteurs de ne pas faire de pauses trop longues durant la lecture de l’ouvrage au risque de perdre le fil de la pelote narrative. En effet, il serait dommage de s’égarer de temps à autre et de ne pas profiter ainsi pleinement de l’intensité et de la richesse de l’ensemble.

La richesse des détails qui agrémentent le roman est un atout indéniable au plaisir et à la force de la lecture. Chaque lieu, chaque moment, chaque personnage est subtilement et parfaitement décrit. Cela offre ainsi une immersion sensorielle dans la Cité des Anges. James Ellroy, par son travail, fait de Los Angeles, de ses zones d’ombre, de ses bas-fonds et de ses horreur un personnage fort de l’ouvrage. Il s’agit incontestablement d’un des aspects de la narration que j’ai préféré au cours de ma lecture. Cette capacité à plonger le lecteur dans son univers est la marque des plus grands auteurs de polar. Est-il besoin de préciser que l’auteur de L.A. Confidential en fait partie ?

Pour conclure, L.A. Confidential s’est avéré être un roman passionnant qui offre une lecture intense qui ne laisse pas indemne. Il s’agit incontestablement d’un petit bijou du genre qui ravira les adeptes à n’en pas douter. James Ellroy confirme une nouvelle fois qu’il est un maître du polar. Mais qui pouvait en douter ?