L’on interprète souvent Les Métamorphoses comme un parcours initiatique, une allégorie de l’initiation aux mystères d’Isis. Mais c’est avant tout un roman que j’ai lu avec plaisir, et qui exploite habilement le point de vue choisi, celui d’un homme métamorphosé en âne ! J’ai également apprécié la variété des registres des récits enchâssés, du conte mythologique (avec les aventures d’Éros et de Psyché) au récit fantastique. C’est également un regard étrange, même s’il est loin d’être réaliste, qui est jeté sur la société gréco-romaine du IIe siècle : monde peuplé de sorcières, de brigands, d’esclaves enfuis, d’épouses volages ou assassines…
Une remarque enfin (le coup de pied de l’âne, pourrait-on dire) sur la traduction d’Olivier Sers (dans la collection Classiques en Poche des Belles Lettres) : ce traducteur est connu pour les grandes libertés qu’il prend avec les textes ; ici, il y a certes quelques trouvailles intéressantes, mais cherchant à reproduire l’inventivité verbale d’Apulée, il transcrit souvent des expressions assez banales en latin en recourant à un argot assez daté (avec un registre de langue qui ne convient pas du tout), ou en montrant certains tics assez désagréables (par exemple, Sers abuse très souvent de l’expression « in petto »). Pendant la Renaissance, des critiques du style d’Apulée accusaient celui-ci de braire ; le reproche envers l’auteur est injuste ; envers le traducteur, par contre…