Arthur London a, en 1903 et 1906, écrit deux livres qui sont deux visions inverses de l'évolution d'un chien ou d'un loup. D'abord "l'Appel de la forêt" où un chien retrouve ses racines ancestrales de loup puis "Croc-Blanc" qui effectuera une trajectoire inverse.
Ces livres lui furent contestés au plus haut niveau si j'en crois l'épilogue de "l'Appel de la forêt" où il répond au président Roosevelt lui-même ainsi qu'à un évolutionniste M. Burroughs de l'avoir accusé d'être un "maquilleur de la nature" … Bon, n'ayant aucune compétence en la matière, je n'y accorde aucune importance ni intérêt. Je ne cite cet épilogue que parce qu'il m'a bien amusé …
Revenons à "l'Appel de la forêt" qui est un superbe roman racontant la vie d'un chien, Buck, résultat du croisement d'un chien Terre-Neuve avec une chienne Colley, volé dans une famille cossue aux USA pour, au moment de la ruée vers l'or en Alaska, devenir chien d'attelage de traineau d'un service postal puis de chercheurs d'or.
Arthur London décrit par le menu l'évolution et la capacité d'adaptation du chien sorti d'un cadre douillet pour faire face à la violence des hommes et aux conditions sévères de la vie en Alaska. Je dis la violence des hommes, certes, mais il faut aussi compter sur la violence et l'agressivité de ses congénères dans l'attelage du traineau où le chien Buck doit faire sa place et s'y maintenir. Ce sera d'ailleurs cette lutte incessante pour sa survie ainsi que la proximité de l'immense forêt qui l'entoure qui peu à peu feront ressurgir les anciens instincts enfouis au plus profond de sa nature et presque oubliés. J'ai parlé "d'instincts" mais Arthur London n'hésite pas à parler de raisonnement voire d'intelligence, ce qui ne me semble pas incompatible.
Au final, il s'agit d'un beau texte au suspense haletant et à la sécheresse froide d'un hiver dans le Yukon où on suit avec intérêt les aventures de ce grand chien qui retrouve peu à peu ses instincts de chasseur et de mâle dominateur et libre.