L'Homme invisible
7.1
L'Homme invisible

livre de H. G. Wells (1897)

L'homme invisible n'est pas un classique pour rien, mais réserve pas mal de surprises lors de sa lecture.

La première, m'ayant été indiqué par la (très) bonne critique de Mlle Shanks, que je remercie de m'avoir donné l'envie d'enfin lire ce livre qui traînait depuis trop longtemps sur mes étagères, est la suivante : contrairement à ses confrères que sont les docteurs Frankenstein et Jekyll pour ne citer qu'eux, Griffin, notre homme invisible, est loin d'être empli de remords ou de désespoir. Point du tout. Son caractère atypique pour ce genre de récit, fat, belliqueux et rêvant de pouvoir, constitue l'un des points les plus intéressant de l'histoire et est même assez jouissif. Comment ne pas s'amuser de le voir se jouer avec une espièglerie tirant sur la méchanceté de ses divers opposants.

La seconde, c'est la forme employée pour raconter les nombreuses péripéties de Griffin. Dans la première moitié, et ce jusqu'à ce que son secret soit découvert, l'histoire nous est narrée par les différents personnages qui croiseront la route de cet homme mystérieux voir malotru, au visage recouvert de bandages, et ce procédé nous permet de mieux comprendre comment les bizarreries de cet anti-héros lui attireront le rejet unanime de cette petite communauté typique de l'Angleterre du 19ème siècle.
Puis, lors de ses retrouvailles avec le docteur Kemp, avec qui il avait fait ses études, c'est Griffin lui-même qui lui, et donc, nous raconte, toutes les étapes de son extraordinaire transformation, les premières difficultés qui en découleront et ce qui l'a conduit, contraint et forcé, à se reclure à Iping, loin de Londres. Et force est d'admettre que c'est ce que l'on attend depuis le début : le pourquoi ? Comment ? Et l'on est pas déçu, Wells étant à la fois précis et flou pour que son procédé pour accéder à l'invisibilité reste crédible.

Et pour finir, ce qui fait que L'homme Invisible se démarque un peu, et en bien, des autres classiques du genre, c'est en même temps le peu de sympathie, mais la compréhension tout de même que suscite son personnage principal. En effet, il est difficile d'aimer Griffin, car comme je l'ai déjà décrit, son caractère orgueilleux, emporté et tyrannique ne s'y prête guère, mais, car il y a un mais, comment ne pas ressentir un peu de compassion pour cet homme dépassé par sa découverte, souffrant mille supplices et surement les pires tels que la difficulté ne serait-ce que de se nourrir, de trouver un endroit pour dormir, voir de supporter le froid, le mauvais temps, en bref, de satisfaire les besoins les plus primaires de l'être humain ?

On ne peut s'empêcher, bien que Wells n'approfondisse pas le sujet, de chercher une explication à cette recherche de l'invisibilité, et, l'albinisme de Griffin, rendant surement le regard des autres dur à supporter, en est peut-être une.

En se détachant volontairement du reste du genre humain, en disparaissant, l'homme invisible semble avoir fait aussi disparaître tout comportement social, toute sentimentalité, compassion, amour ou pitié. Compassion et pitié que l'on ne peut pourtant pas, nous, s'empêcher de ressentir, à la conclusion du récit.
Pravda
8
Écrit par

Créée

le 21 févr. 2013

Critique lue 1.5K fois

24 j'aime

Pravda

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

24

D'autres avis sur L'Homme invisible

L'Homme invisible
Jo__L
7

Les 4(-3) fantastiques

La base de la science fiction et des héros, la base de nombreux films, le très connu HOMME INVISIBLE !! Bon c'est clairement pas le meilleur roman de SF qui soit. C'est même assez quelconque, mais ça...

Par

le 27 août 2018

9 j'aime

2

L'Homme invisible
Max_Sand
8

Un roman téméraire sur les limites de la morale humaine...

H.G. Wells, auteur britannique reconnu pour ses œuvres de science-fiction telles que La Machine à explorer le temps (1895) ou L'Île du docteur Moreau (1896), publia une nouvelle fois en 1897 une...

le 9 juin 2015

6 j'aime

2

L'Homme invisible
Alligator
8

Critique de L'Homme invisible par Alligator

mars 2008: Mon dieu, j'avais oublié, je l'ai lu récemment (pour moi en terme de lecture "récemment" peut vouloir dire deux-trois ans). Effectivement le récit moins tapageur que la plupart des films...

le 8 nov. 2013

5 j'aime

Du même critique

Le Jour et la Nuit
Pravda
2

Et pourtant j'en ai vu des merdes.

Ce film, c'est l'histoire de gens qui passent leur temps à : boire, forniquer et faire des tours de montgolfière. La base, quoi. Je me disais que BHL n'étant pas le zigue le plus populaire du PMU du...

le 7 août 2014

146 j'aime

41

Crime et Châtiment
Pravda
10

"jeu de mot pourri ne faisant rire que son auteur et constituant un titre de critique"

Je pense que de ses trois œuvres les plus réputées (« Les frères Karamazov », « L’Idiot » et « Crime et Châtiment »), cette dernière est surement la plus accessible. Là où les digressions...

le 26 mars 2013

129 j'aime

21

Hatchi
Pravda
7

... Et puis merde.

Mettons les choses au clair dès le départ : Ce film est surement l’un des plus tire-larmes, dégoulinant de ritournelles au piano pour vous faire pleurer toutes les larmes de votre corps et enrichir...

le 5 sept. 2013

117 j'aime

19