Ohé moussaillon, cap sur l'aventure...
L'Île au trésor est au livre de pirates ce que Dracula est au livre de vampires. En gros, Robert Louis Stevenson a donné la référence ultime et incontournable à ce sous-genre du roman d'aventures, rien que cela.
Titre mérité ?
Euh ouais... C'est un véritable modèle d'efficacité. On n'a pas le temps de souffler. Les rebondissements s'enchaînent sans faille pour ne pas laisser la moindre virgule d'ennui au lecteur. Stevenson a parfaitement compris comment on fait pour agripper ce dernier du début jusqu'à la fin.
Mais dans tout bon roman d'aventures qui se respecte, il se doit d'y avoir aussi quelques beaux moments d'angoisse, voire de suspense. Pas de problème, Stevenson n'est décidément pas un manche. La fuite de l'auberge, l'affrontement entre marins et pirates lors de l'attaque du fortin ou la recherche de l'emplacement du trésor fournissent largement ce qu'il faut d'adrénaline.
En ce qui concerne les personnages, ils sont excellemment croqués.
Notre héros narrateur, Jim Hawkins, est un jeune héros qui se la pète un peu, qui se fait avoir à quelques reprises comme le dernier des bleus, mais son intrépidité constante lui attire tout de même l'attachement du lecteur.
Mais celui qui pique incontestablement la vedette, qui se taille d'une manière tonitruante la part du lion, sans la moindre trace de vergogne, c'est Long John Silver. Un homme charismatique, courageux, affable, bien éduqué, d'une ruse et d'un pragmatisme à toute épreuve, jamais avare d'une bonne plaisanterie ou d'un bon petit plat préparé par ses soins, sachant toujours instinctivement où est son intérêt, prêt à chaque instant à vous planter un poignard dans le dos si nécessaire. C'est le modèle absolu de la crapule sympathique.
Tellement sympathique que je n'ai pas pu m'empêcher d'être heureux de le voir s'en tirer, sans le moindre dommage, avec une partie du butin.
Comme Hawkins, on a envie de le détester, mais on n'y parvient pas. Ce personnage est un des meilleurs à avoir été croqué en littérature, carrément.
Non, il n'y a pas à dire, avec tout cela, le plaisir dépaysant de se plonger dans cet univers, sentant fort le rhum, le sable fin et les températures tropicales, est toujours intact.