Dans l'Insouciance, Karine Tuil explore le sujet de la désagrégation identitaire au travers de trois personnalités issues de la France de 2016 : un lieutenant de l'armée dans un état de stress post-traumatique suite à son retour d'Afghanistan (Romain Roller) - un puissant homme d'affaires dont les frasques vont faire resurgir au centre du débat la lutte contre le racisme et les inégalités sociales (François Vély) - un jeune de banlieue avide de reconnaissance qui se muera en pouvoir mais pour qui les arcanes de la politique lui feront peu à peu perdre le sens des priorités (Osman Diboula).
L'Insouciance fait partie de ces livres que l'on dévore de la première à la dernière page sans se rendre compte du temps qui passe. Au contraire de Karine Tuil qui observe ce temps passer et en dissèque avec exactitude toutes les crispations qui y gravitent autour notamment celles qui font vaciller le prisme identitaire.
La vraie question soulevée par ce roman est évoquée par une collègue de Osman Diboula qui se demande si le développement personnel au sein de la société doit obligatoirement tenir compte des origines de chacun (au risque de passer pour un déserteur) ? ou doit faire avec quoi qu'il en coûte (au risque de passer pour un soumis) ?
Derrière cette équation se cache probablement le stade ultime de l'insouciance individuelle.