L'Insoutenable Légèreté… est un roman qui (comme tous les autres romans de Kundera que j'ai pu lire jusqu'ici) se caractérise par une certaine légèreté vis-à-vis de l'intrigue (on suivra ainsi un personnage, puis un autre, qui nous apprendra incidemment que le premier est en fait mort sans qu'on ait pris la peine de nous prévenir). Plus marquant encore, le roman est traversé de bout en bout par une réflexion moraliste (au sens noble du terme) omniprésente.
Il est intéressant, soit dit en passant, qu'un auteur qui a affirmé que “les romanciers qui sont plus intelligents que leur œuvre devraient changer de mériter” (ce qui est très vrai) fasse ensuite étalage d'un propos si assumé dans ses œuvres, et touche de si près la limite entre moraliste et romancier (peut-être est-ce, sans lui faire insulte tant j'apprécie ses œuvres, la conscience de cette “défaillance” au devoir de romancier qui lui a fait formuler si nettement sa théorie).
Il n'empêche que l'Insoutenable Légèreté est un livre remarquable, non seulement en tant que roman mais aussi en tant qu'essai, qui fournit un vrai bain de lucidité sur la condition humaine.