L'histoire commence comme une enquête se déroulant dans l'Athènes post-guerre du Péloponnèse. Hérklès Pontor, déchiffreur d'énigmes, pense que l'éphèbe Tramaque a été assassiné. Tramaque était disciple de l'Académie de Platon. Par conséquent, sa mort intéresse Diagoras, son mentor, qui assiste Héraklès dans des réflexions et son enquête.
En soi, ce pitsch est déjà accrocheur. Quoi de plus attirant qu'un "nom de la rose" à l'Antique. On y retrouve bien sûr les éléments qu'on associe tous plus ou moins à cette période et à ce territoire (la pédérastie, la philosophie, les sectes ésotériques, le statut de la femme, les esclaves, le culte du chaos dionysiaque, etc.) L'enquête est déjà intéressante en soi mais le roman va beaucoup plus loin.
D'abord, on se rend compte assez vite que l'oeuvre se veut critique quant à la doctrine de Platon : l'existence d'un monde des idées, la possibilité d'une cité juste et belle régie par les sages, leur idéal ascétique; bref le platonisme, ce christianisme pour aristocrates (inversons ici la formule de Nietzsche) est largement moqué par Héraklès Pontor qui tente de démontrer à Diagoras que ces philosophes ignorent tout de la réalité de la cité d'Athènes et par là-même de la vie elle-même.
Le roman est compliqué par une multitude de notes en bas de pages (procédé qui m'avait exaspéré dans la maison des feuilles). Ces notes sont celles du traducteur du roman (présenté comme une oeuvre antique). Rapidement, la vie du traducteur se retrouve bouleversé et ces fameuses notes finissent par devenir passionnantes et indispensables quant à la compréhension de l'oeuvre (elles ne constituent nullement un second roman ajouté au premier, mais l'explicite).
Si vous aimez les enquêtes policières, lisez-le, si vous aimez les romans traitant de philosophie, lisez-le également !