Un jeune garçon, prénommé Nicolas est emmené par son propre père au chalet de montagne, car ce dernier a peur qu'il arrive à son fils un accident avec le car de l'école.
Un caïd nommé bizarrement Hodkann, orphelin de père, s'intéresse de près à Nicolas et le prend sous son aile quand Nicolas se retrouve sans sac à dos, oublié dans la voiture du père.
Nicolas est un adolescent tourmenté (il fait beaucoup de cauchemars), mystique ( la fièvre le rend très heureux), intelligent ( il comprend les choses plus vite que les adultes), qui pense énormément ( la dépression n'est pas loin...) Le portrait psychologique de Nicolas est particulièrement remarquable de justesse grâce à une focalisation interne parfaitement maîtrisée. Quadra, je revis à travers ses angoisses, les petits détails qui font d'un séjour à la montagne un périple honteux (la peur de faire pipi au lit, la peur du caïd, l'imagination débordante, la solitude au sein du groupe, l'éruption de la puberté en plein cauchemars.) Bref, toute ces impressions sont décrites sans fioritures, comme si E. Carrère avait refilé son angoisse au jeune Nicolas sans laisser de place à une certaine légèreté, sans qu'il ait dans sa caboche un brin d'innocence et de "potacherie" qui caractérise l'adolescence.
E. Carrère parvient royalement à nous décrire une période de notre vie vite oubliée, sans portables, sans internet, où tout semble se figer dans la neige. C'est un huis-clos oppressant où les enfants sont l'otage d'un drame innommable.
Bref, un roman somme toute à l'opposé de ce que veut bien faire paraître la couverture du livre.