Ce texte, court, est d'une puissance inouïe.
L'on est témoin de la présentation d'une machine de torture par un officier devant un voyageur, anonyme.
Plus on avance dans la lecture, plus la présentation se veut cynique. On peut sentir le malin plaisir de Kafka à nous faire nous représenter, au fur et à mesure, la terrible élaboration cruelle du concepteur de cette machine (un commandant qui n'est plus, comme un père regretté). Elle devient de plus en plus machiavélique dans sa conception et sa mise en œuvre. Quand on se dit que le niveau de cruauté et de perversion est élevé, on s'aperçoit que finalement on peut encore aller plus loin. L'être humain est doué pour cela, on le sait.
Finalement le voyageur aura son mot à dire, ce qui donnera une évolution imprévue à l'histoire, dans laquelle on peut dire que ça tourne à l'arroseur arrosé, version noire.
Si Kafka est riche, c'est bien dans sa capacité à nous montrer la noirceur humaine et institutionnelle, puisque cette machine est censée représenter l'instrument de justice. A vous de juger.