Si vous lisez ce livre, vous entendrez de bien des manières comment Ignatius voit le monde, ou bien comment il a envie de le voir répondre à ses attentes.
Si l'on vit à ses côtés une bonne partie du livre, nous sommes aussi accrochés à d'autres personnages. Nous vivons plusieurs scènes somme-toutes anodines mais avec un style singulier pour les peindre. Et ce qui n'est pas anodin dans le livre, ce n'est pas tant l'histoire des personnages, quoique celle d'Ignatius reste originale, de son point de vue. C'est plutôt le caractère de ceux-ci et la façon dont l'auteur parvient à nous plonger dans les relations du "peuple d'en bas" qui donne la valeur de l'ouvrage.
Le livre est assez humoristique, notamment dans un comique de situation. Certaines scènes font même rire. Mais ne nous y trompons pas : c'est lourd de sens. C'est même lourd de tragédie avec des pointes de pathétique.
Lorsque certaines longueurs apparaissent dans le déroulé du texte, c'est pour mieux nous imbiber de la réalité que vivent les personnages. Les lenteurs donnent de la profondeur, enrichissent la perspective narrative ; nous comprenons après-coup combien l'auteur s'est amusé de nous pour nous amener à certains dénouements, après quelques nœuds
Alors si vous lisez ce livre, attendez-vous à de la lourdeur, car le personnage principal, cet Ignatius, l'est dans tous les sens du terme. Attendez-vous à du ridicule, tant des scènes comme des réactions le sont. Attendez-vous à bien des circonvolutions psychologiques ineptes de certains ou certaines, et de brillantes fulgurations quasi élitistes d'Ignatius, doté d'un verbe à vous déloger Sartre ou encore Hugo (c'est ce que lui en dirait, à mon avis).
Mais ce à quoi vous ne pouvez vous attendre vous sera livré dans ces pages foisonnantes de malice littéraire.