La Curée
7.4
La Curée

livre de Émile Zola (1871)

Mon premier Rougon-Macquart (Ouuuuh, la hoooonte), et une première bonne claque.
Second de la grande entreprise de Zola, et déjà se dessinent magnifiquement dans le sang de cette famille les milles maladies. Une famille sale, à coup d'incestes, d'alcoolisme et de viols qui entre dans une société toute aussi sale, coup du Second Empire.

L'histoire d'un Rougon qui arrive à la capitale avec le sentiment qu'il pourra s'abreuver du sang de la pauvre Paris jusqu'à la dernière goutte. Un Rougon qui change alors son nom, en Saccard.
Aristide Saccard saccage Paris : lui arracher son or. Saccard la tranche méticuleusement, avalant sans remord chaque part du gâteau écoeurant, se noyant dans un argent sale comme son sang.
Son sang, son fils, Maxime. Ce garçon chez qui "le sexe a hésité". Garçon féminin, qui prolonge le vice familial jusqu'à partager le lit de sa belle-mère, Renée.
Elle, entourée de l'excès de richesse, dans son hôtel du parc Monceau, entourée d'un dégueulis continuel d'or et de robes, l'enveloppant comme le nombre incroyable de ses amants, et voulant, en possédant Maxime, sortir un peu de tout cela.
Sortir ?
Quelle erreur.

Magnifique récit de la décadence.

Et Paris, qui est là, qui se voit mourir sous les griffes rapaces des Saccard, qui se voit découpée par la main franche de ceux qui n'ont de pitié que pour eux.

"Et elle rêvait d'arracher ces dentelles, de cracher sur cette soie, de briser son grand lit à coups de pied, de traîner son luxe dans quelque ruisseau d'où il sortirait usé et sali comme elle."

Je croyais devoir m'attendre à une écriture sèche, difficile, scientifique à l'excès, et voilà que l'on trouve de la poésie.
De la poésie dans la serre, étrange endroit, exotique et angoissant, contre-nature et théâtre de l'inceste. La serre qui nous fait étouffer, qui rend parfaitement toute l'infamie de l'acte.
De la poésie dans la représentation du Narcisse, dans la "première" rencontre de Maxime et Renée à l'hôtel Riche, dans les descriptions incroyables des robes de Renée, dans les scènes de buffet.

Une oeuvre agréable à lire, belle dans la décadence.

"Exécrable famille, certes, mais portant en elle son génie, mais irremplaçable puisque c'est en elle et par elle que toute la France du Second Empire va passer aux aveux." Butor.
clairemouais
8
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le 28 déc. 2012

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clairemouais

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