Dans la (re)découverte de la philosophie, petit passage par la sociologie.
Finalement le propre de la philo n'est-elle pas l'ouverture vers tout mode de réflexion, pourvu qu'il soit guidé par l'Humanisme ?
Ce détour me semble d'autant plus intéressant que nous sommes encore dans les répercussions de #MeToo. En France, le féminisme est polymorphe et génère autant de vocations que d'incompréhensions.
Même si ce n'est pas à proprement parler le sujet du livre, l'intérêt est de revenir sur les 4 capitaux selon Bourdieu :
- Le capital économique
- Le capital culturel
- Le capital symbolique
- Le capital social.
Ainsi dans l'héritage qui guide les actions des hommes et des femmes, l'auteur attire particulièrement notre attention sur les 3 derniers. Et en particulier sur l'héritage symbolique qui aboutit à la domination masculine.
Avec force d'exemples (sa fameuse Kabylie mais pas seulement), il pose simplement et sereinement ce qui définit les comportements des 2 sexes et assoit donc la gouvernance des hommes.
Les 3 parties du livre enchainent logiquement :
- les habitudes ("habitus") qui nous gouvernement consciemment ou pas : Bourdieu nomme sans extrêmisme ce que les femmes ressentent et les attitudes masculines de domination ;
- les "constantes cachées" de nos sociétés, notamment en faisant appel aux écrits de Virginia Woolf (écrivaine volontaire sur le féminisme s'il en est) ;
- le rapport entre structure sociétale et histoire. Ici l'auteur tente d'expliquer en quoi lutter contre la domination masculine est un choix de société qui peut devenir une contradiction en tant que telle (i.e. les limites de l'"affirmative action").
Bref un livre éclairant et de circonstance, abordable et fondateur.
Soit dit en passant, le texte n'est sans doute pas exempt de critiques sur le fond. On peut citer mêle :
- la réappropriation de pensées d'autrui,
- le focus sur la domination symbolique (où sont les violences physiques, psychologiques etc. ?),
- le propre mépris terminologique de Bourdieu pour les femmes kabiles dans la manière dont il les caricature.
Mais je préfère retenir ce qu'il apporte et en quoi il reste d'actualité.