Livre de chevet d’Henry Miller, ce roman est pour moi une demie déception. Etant donné les recommandations qu’il avait, j’en attendais beaucoup. Hors il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que je ne serais pas victime du choc attendu. Au début, j’ai eu un peu l’impression de relire Le Journal du Séducteur de Kierkegaard, qui est ce que j’appelle un mauvais conseil de lecture. Ça tenait, j’en suis conscient, au fait que c’était ma seule référence en terme de littérature scandinave. Puis, peu à peu, j’ai réussi à me défaire de cette impression. J’ai vu la singularité de son œuvre. Et finalement, j’ai compris pourquoi La Faim était la référence commune d’un paquet de très bons écrivains : ça raconte, en gros, leur vie. Un type qui n’arrive pas à écrire (ou très peu), qui crève la faim parce qu’il n'a pas d’argent, qui se fait des films et manque de sombrer dans la folie. La force d’Hamsun, c’est d’être un précurseur. Avec ce récit, il pousse plus loin l’entreprise que Dostoïevski avait entamée dans Les Carnets du sous-sol en mettant totalement de côté l’idée d’intrigue et il pose les jalons de toute cette littérature américaine du vingtième qui sera celle du vécu. Au final, en délaissant l’intertextualité, je n’ai pas réussi à m’approprier ce livre, le héros m’est toujours resté étranger et tout ce qu’Hamsun tente, je l’ai déjà vu réussi ailleurs. Ma conviction est que La Faim a vieilli.