J'avais déjà lu ce livre il y a très longtemps et je devais sans doute être sous les effets sédatifs des lectures universitaires puisque je n'en avais pas retenu grand chose. Pourtant c'est une œuvre qui "fait du bruit", qui remue et qui ne laisse pas imperturbable et froid.
Louÿs a le don d'emmener le lecteurs dans les méandres des perversions psychologiques et sexuelles humaines, préfigurant un Octave Mirbeau et rendant parfaitement hommage au Baudelaire sulfureux.
En lisant ce court roman, les peintures espagnoles de Manet et leurs danseuses à la taille et à la poitrine pleines ont défilé devant mes yeux.
La Femme dont il est question dans le livre, et dont la parenté avec le Diable n'est pas à cacher au lecteur curieux, ressemble à une Carmen pervertie qui ne se donne pas pour mieux se vendre et qui aime par-dessus tout la violence d'un amant, ou pantin, qu'elle a pris plaisir à torturer.
C'est sur une chaude et torride toile de fond hispanique et carnavalesque que Louÿs décide d'introduire d'abord un personnage masculin qu'une oeillade et un oeuf manquent de faire basculer imprudemment dans le monde dangereux de la séduction, jusqu'à ce qu'un toréador aguerri tente de le dissuader de se laisser approcher par une génisse noire, brûlante mais avare, nommée Conchita.
A lire et à relire, malgré la misogynie à peine voilée de certains passages.