A ma grande honte je vous avoue qu'il y a quelques semaines encore, je ne savais absolument rien de cette Joséphine Tey qu'un classement britannique très sérieux place pourtant en toute première position des meilleurs romans policiers de l'histoire avec l'opus dont je vais vous parler aujourd'hui.
Joséphine est une prof de sport née à la fin du dix-neuvième et morte au milieu du siècle d'après, ne survivant finalement qu'assez peu à ces cinquièmes aventures du détective Alan Grant, les sixièmes et dernières sortant l'année de son décès (au passage, vous connaissez normalement au moins de nom son second roman, réédité sous le titre de son adaptation hitchkockienne, Jeune et Innocent). Férue d'Histoire, Joséphine a une prédilection pour le règne de Richard II mais ne répugne pas comme ici, à repousser sa passion d'un chiffre supplémentaire.
Alan Grant, inspecteur de Scotland Yard couché dans son lit d'hôpital s'ennuie à crever sur son oreiller et passe son temps à regarder le plafond jusqu'à ce qu'une bonne âme lui apporte quelques gravures anciennes issues des mystères du passé. Jetant son dévolu sur Richard III, la pire raclure de la mythologie anglaise, Alan va essayer d'enquêter sur ce qui a pu arriver pour que le courageux frère du roi se transforme en monstre étouffeur de neveux dans la Tour de Londres et là, il faut dire que ce n'est pas triste. Qui de Thomas More ou de Walpole sortira indemne d'une telle enquête ? A vous de voir...
Délicieux état des lieux de l'historiographie d'alors (et qui, finalement, n'a pas autant bougé que les tenants des diverses chapelles essaient de nous le faire croire depuis), le livre devient une sorte de manuel de bonne conduite de l'historien, via des techniques d'enquête policière et se révèle particulièrement salutaire tant pour remettre en question les pratiques des chercheurs que l'acceptation molle et abrutie du commun des mortels.
Ainsi, le sens historique est, avec le commun, le bon et celui de l'humour un des quatre sens les moins utilisés sur ce site, gageons que nombreux sont ceux qui pourraient ici-bas faire leur profit de genre d'ouvrage, un petit bijou qu'on rêverait de voir étudié en classe avec exercice pratique à la clef afin d'en adapter le sens à l'Histoire de France, j'ai deux ou trois exemples en tête qui pourraient faire leur bonheur.
"C'est drôle ne trouves-tu pas, que si on révèle aux gens la vérité à propos d'une histoire fausse à laquelle ils croyaient, ils soient furieux, non contre celui qui leur a appris l'histoire fausse, mais contre celui qui rectifie l'erreur. Ils n'aiment pas voir leurs croyances renversées ; cela doit leur donner un vague sentiment d'inquiétude. Ils préfèrent refuser d'y réfléchir. On comprendrait qu'ils soient indifférents, mais pourquoi sont-ils hostiles ? Bizarre !"