Rachel, une meuf qui aime bien les trains et le gin tonic se fait des films de ouf sur un couple qu'elle aperçoit depuis la fenêtre de son TER. Et même qu'un jour, elle aperçoit la dame, Megan qu'elle s'appelle, faire des bisous à un autre gus. Et pis Megan elle disparaît et Rachel, qui s'ennuie un peu dans la vie, décide de jouer à Miss Marple.
J'ai un avis assez mitigé sur ce qui a été présenté comme un super polar qui déchire.
D'abord, niveau polar, on est sur un niveau juste convenable. On devine assez vite qui est le méchant. Et à ce titre, les 50 dernières pages sont assez pénibles à lire.
A ce stade là, il n'y a plus rien à révéler. Et utiliser le changement de point de vu (la narration suit le point de vu soit de Rachel, soit de Megan, soit de Anna) pour faire durer un peu le truc est assez pathétique. Ça ne marche pas.
Pire encore, sur cette dernière action, au lieu d'apporter le rythme nécessaire, ça alourdit le récit. Du coup, ce qui aurait dû être une apothéose d'angoisse et d'action vire au pétard mouillé. C'est franchement raté !
L'autre truc agaçant, c'est l'espèce de morale sous-jacente sexiste moisie. L'autrice a pris le parti intéressant d'avoir plutôt des anti-héroïnes. Les chapitres sont coupés en fonction de la narratrice, le tout à la première personne. On a donc : Rachel l'alcoolique, Megan la séductrice et Anna la voleuse de mari.
Déjà, soyons honnête, le personnage d'Anna est tellement peu développé que les parties la concernant n'ont aucun intérêt.
Mais surtout, plutôt que d'assumer que des femmes puissent simplement être alcooliques ou être infidèles parce qu'elles s'emmerdent dans leur vie, il faut absolument venir le justifier avec un drame personnel.
Et évidemment, qui dit drame pour une femme, dit malheur en rapport avec les enfants, parce que les femmes elles aiment les enfants et ne vivent que pour ça.
Donc déjà, moi, à ce stade là de la lecture, j'ai un peu la nausée. Ce qui partait d'une bonne idée vire au pure désastre. Mais c'est pas fini.
On a l'impression que leur «déviance» (c'est présenté comme ça) justifie en quelque sorte ce qui va leur arriver. Autrement dit, comme ce sont des vilaines femmes pas sages, il doit forcément leur arriver des choses horribles. Et oui mesdames, si vous n'êtes pas gentilles, on va devoir vous recadrer. Et là, on retombe dans la bonne vieille morale à deux sous.
Dommage qu'aucun perso de Scream ne vient les prévenir que seuls les vierges peuvent s'en sortir !
Bref, on reste dans un cadre super convenu et dans des rôles féminins tout à fait cliché et à vomir.
Après si on décide de ne pas penser à ça, ce livre reste un divertissement convenable. Le style, réduit à sa plus simple expression, rend la lecture facile et rapide. En gros, ça se lit bien sur un Paris-Dijon !