Zola commence sa grande série par le début ce qui de nos jours fait du bien. En partant d'Adelaïde Fouque et en s'intéressant à toute sa descendance de dégénérés sur plusieurs générations, il pose le contexte, les lieux, les personnages et le principe de sa grande aventure naturaliste.
Ca peut paraitre fastidieux et ça l'est. De nombreux personnages étant introduits à la va-vite en préparation des volumes suivants au début du bouquin. La description de Plassans, la ville imaginaire qui cristallise tous les maux du sud-est de la France, et ses moeurs est quasi-clinique. Zola joue au docteur, à l'historien, à l'anthropologue, au théoricien et en oublie presque d'être romancier.
Heureusement l'essentiel est déjà là, les personnages, bien que tous plus affreux les uns que les autres, échappent à tous compromis. On s'intéresse tout particulièrement à l'affrontement entre Pierre Rougon, le fils légitime en sournois partisan de l'empire, et Antoine Macquart, le batard fainéant en républicain opportuniste. Tous leurs rejetons débiles participent plus ou moins à la fête jusqu'à Silvère, le "héros" de la famille qui semble avoir miraculeusement évité toutes les tares de la mifa.
C'est par ses personnages que le livre reprend goût au tragique et à l'aventure sauvant la Fortune des Rougon de la froideur anthropologique et historienne. On se marre bien, on a envie de continuer et c'est l'essentiel.