J'avoue ne trop savoir quoi penser de cette première incursion chez les Rougon-Macquart. De manière très pragmatique, j'ai pris assez peu de plaisir dans ma lecture. Le livre m'a paru comme une longue introduction à cette famille, présentant beaucoup de noms et de personnages que pour certains nous ne retrouveront probablement que dans quelques tomes futurs. Je n'ai par exemple pas vraiment distingué les bourgeois du salon jaune, tellement ils se ressemblaient tous. De manière générale, les personnages ne m'ont pas franchement paru intéressants. Divisés en deux groupes : les opportunistes et ambitieux (Pierre Rougon et sa femme Félicité, leurs fils Eugène et Aristide), et les héros ingénus, pétris de belles valeurs (Sylvère et Miette en premier lieu mais aussi le docteur Pascal). Les premiers sont réellement des monstres, satisfaits des morts de leur famille, n'hésitant pas à faire couler le sang eux-mêmes tandis que les seconds sont des martyrs, vierges de toute action ou pensée mauvaises. De fait, ils relèvent tous plus de symboles que de véritables personnages profonds et travaillés.
Au-delà des personnages, la construction du récit est plutôt bien pensée, même si j'ai pu me languir de retrouver Sylvère et Miette qu'on abandonne bien pendant 150 pages. Le récit est d'abord divisé en deux : l'amour naissant de Sylvère pour Miette et pour la République, et en face la présentation et les tractations politiques du reste de la famille Rougon Macquart. Si les deux finissent par s’entremêler astucieusement, j'ai clairement préféré les début de l’idylle entre Miette et Sylvère (les très beaux passages où les deux amoureux ne communiquent qu'avec leurs reflets dans le puits), aux passages plus confus et longuets dans le salon jaune de Pierre Rougon.
Au-delà du récit en lui-même, j'avoue tout de même avoir été impressionné par le travail de Zola à de nombreux niveaux : historique (on apprend beaucoup de choses sur le XIXème, période très riche politiquement), géographique, et social (l'héritage du caractère des parents par leurs enfants), sans que tout cela ne vienne trop alourdir le récit.
Pas complètement emballé par cette histoire, La Fortune des Rougon permet néanmoins de donner de nombreuses clés pour la suite des aventures des Rougon-Macquart, entre la présentation des futurs personnages importants et l'introduction au contexte politique de l'époque. Direction "La Curée" désormais !