Dans ce roman, Marcel Pagnol nous partage ses mémoires d’enfance qui, à ma grande surprise, ressemble fortement à celles que relataient mes grands-parents. Une enfance assez commune mais qui a lancé Marcel sur la voie de son succès futur. Rappelons que Marcel Pagnol est devenu un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français parmi les plus populaires de son époque. La consécration arrivant en 1946 en intégrant l’Académie française.
Au début, il semble que le livre va s'intéresser à un contenu critique et social, dans lequel Pagnol parle de de son père Joseph comme d'un apostolat laïc entièrement dédié à sa profession d’enseignant. Mais au fur et à mesure du récit, on découvre progressivement les autres membres de la cellule familiale : Augustine, la maman couturière, la tante Rose, l'oncle Jules, le petit frère Paul que Marcel chérit, protège et surveille. Paul est le cadet et Marcel l’aîné, il faut que le droit et le devoir d’ainesse se fassent respecter.
Pagnol nous explique très rapidement ce qui constituait pour son père la trinité la plus atroce et la plus détestable : l’église, l’alcool et la royauté. Après ces premières pages, Pagnol poursuit le roman en explorant le monde de l'enfance, avec ses fantasmes, ses jeux, ses interprétations souvent imaginaires, sa naïveté. Le ton humoristique adopté à partir de la seconde moitié de l’œuvre nous fait lire ses pages avec un sourire permanent et rappelle les aventures immortelles de Tom Sawyer et de son ami Huckleberry Finn.
Le livre se termine par un long voyage de chasse, inoubliable pour l'auteur et inoubliable pour le lecteur qui pourra presque sentir les odeurs de lavande et entendre le chant des cigales en accompagnant l’Oncle Jules, Marcel et son père vers la gloire de ce dernier qui réussira le « coup du roi » pour sa première partie de chasse.
L’écriture de Marcel Pagnol est simple et directe. Elle nous fait sentir qu’il s’agit bien d’un enfant qui se fait le narrateur de sa vie. Mais c’est aussi un langage propre d’un enfant provençal avide de grandir et de gagner à sa place à la table des grands. On sent au fil des pages que l’amour filial, et surtout la transmission du savoir aura été au cœur de l’enfance de Pagnol.