La Horde :
"La folie n'est plus folle dès qu'elle est collective."
"La mort-vive. La mortalité active en chacun, à chaque âge de l'existence. Je ne parle pas ici de la déchéance de nos corps ou de l'entropie qui nous dégrade, non : plus simplement d'une forme puissante de la fatigue. Tout au long de votre vie, cette fatigue s'est manifestée sous une myriade de petites mines : un découragement passager par exemple, une perte de confiance, un banal besoin de confort affectif ou de stabilité mentale, un appel au repos, récurrent... Elle a parfois pris le masque d'une paresse de pensée, d'un manque de curiosité, elle a pu se traduire par un refus de l'inconnu ou la peur de changer, le fait de privilégier une habitude, vouloir être tranquille d'avance, je ne sais pas... Quels autres visages encore ? Disons les facilités innombrables de l'humain qui n'est pas à la hauteur de ce qu'il peut. Tout ce qui fait le quotidien d'un abrité en fait ! En termes aérologiques, j'appelle ça l'essoufflement. Les abrités sont avant toute autre critique des essoufflés." La Horde du Contrevent, Damasio, p.39
Oroshi :
"- Je suis là pour élaguer ma bêtise d'une branche ou deux. - Ce que vous allez découvrir peut scier un tronc."
"Ma soif de comprendre est tout simplement plus puissante que ma peur de savoir."
"Je ne crois rien. J'apprends."
Caracole :
"Longtemps je me suis fait de la vie une exigence de parcours. Rien ne fut donc plus précieux pour moi que les voyages puisqu'ils avaient potentiellement cette force : celle de faire jaillir le neuf, le virginal des filles, l'inouï. M'offrir plus que l'univers humain : le Divers ! Pendant des années je me suis abreuvé des différences. Puis progressivement, j'ai senti que la fréquence déclinait. A mesure des rencontres bien sûr, dont rares devenaient celles qui me touchaient au vif. Mais en vertu aussi, et plus intimement, de ce sentiment que les bonds hors de moi qui avaient si longtemps fait mon charme, disons-le, s'atrophiaient. Et qu'au fond, à ceux que je croisais, je demandais de m'émerveiller tandis que moi, passif, en attente, tel un poussah de fate engeance, j'avais perdu jusqu'à la soif du divers. J'étais un nomade, certes et toujours. J'en exhibais, sur mon pull d'arlequin, les preuves. J'avais toujours au creux des lèvres quelque histoire torse rapinée en village. Mais dans mon esprit, je ne voyageais plus. Je me répétais. Je redondais, au lieu de vagabondir. J'étais devenu comme une outre qui attend d'être remplie et qui se vide devant son premier seigneur !" Caracole, La Horde du Contrevent, Damasio, p. 551
"Caracole, lui, était un homme du pur présent et de l'extrême oubli. L'intérêt qu'il portait aux autres dépendait non pas de l'amitié tissée ou de l'ancienneté de lien, plutôt de la capacité que vous aviez de déjouer l'image qu'il avait de vous et de déroute, sans cesse, les attitudes et réactions que son intuition, admirable, anticipait. Devenir son ami d'un jour ne demandait aucun effort ; mais le rester impliquait cette exigence de le surprendre, qu'il suscitait malgré lui."
"[il] donne ce qui peut offrir - son brio, sa joie, ses frasques - mais il les donne par surabondance plus que par générosité. Il n'attend aucun retour et ne rend lui-même rien."
Golgoth :
"L'enfant, il ne pouvait le concevoir que d'une seule façon : comme une délégation d'espoir."
Sov :
"Il ne concevait les rapports humains que dans la fusion. Le distinguo pour moi très clair entre l'amitié et l'amour, il n'en formait qu'une idée théorique que ses actes et son cœur ignoraient."
"Sans réaliser parfois qu'en croyant toujours donner, il était de fait en demande, une demande inétanchable d'échange, de complicité et d'affection qui l'usait et nous usait - consciente pour autant de l'importance que cette force, car c'était une force, aurait dans le futur pour la ressurvie de toute la horde."
"L'enjeu face à Sov était d'attiser son intelligence pour faire mûrir l'enfant."
Damasio :
"La liberté est un flot."
"Tu ne sais plus qui tu aimes."
"Tu t'enroules lovés dans ton techno-cocon. Ta chrysalide est toute de fibre optique et elle te tisse."