Pourquoi je lis ? Quel intérêt ? Pour faire bien ? Pour caser des titres ou des noms un peu stylés au milieu d'une conversation ? Oui il y a un peu de ça, parfois... Et puis je n'aime pas trop la science-fiction, c'est tiré par les cheveux, ce n'est pas intime, c'est du divertissement, ce n'est pas de l'art.
Puis bon, j'ai lu La Horde du Contrevent quand même et ça m'est revenu : je lis pour trouver du sens. Je lis pour soudainement m'interrompre au bout d'une phrase, lever les yeux dans le vide et réaliser combien, pour des raisons difficiles à mettre en mots, je suis émue. C'est de la SF bien bien loin dans son délire, tout ce que je n'aime pas, a priori rien à quoi je puisse me raccrocher, et pourtant c'est un grand récit sur le courage et la volonté, un récit qui parle au fond de ce que traitent tous les récits, la recherche du sens.
Complet et circulaire, doux et cruel, c'est un long trait de génie, bien sûr stylistiquement maitrisé de bout en bout, mais c'est surtout un livre qui accomplit l'étrange miracle de parler... de tout à la fois. Reculant page par page, méfiante, désorientée, curieuse et fascinée, j'apprivoise le langage, la haine, la solidarité, la honte, le soulagement, je découvre tout pour la première fois, mes mots sont grossiers, ils ne suffisent pas, La Horde se suffit à elle-même, je m'impose, c'est un chef d'œuvre dont j'ai trop parlé déjà.