Ici, on n’est pas là pour flâner ou pour trainasser le nez en l’air. On est là pour bouffer du vent et avaler la distance. On n’est pas des assistés ou des planqués, seuls nos corps peuvent être utilisés pour le contre. Ici, on est dans l’élite, les héritiers de 8 siècles d’expérience de contre, dans le but ultime d’atteindre enfin l’Extrême-Amont et de découvrir ce qui s’y cache !
Telle est la quête assignée à la 34ème Horde, comme les autres auparavant, menée par le 9ème Golgoth et dernier selon ses propres dires. Se plonger dans ce livre c’est plonger d’emblée dans un univers en mouvement, celui de la Horde. Il s’agit d’un monde particulièrement rude, un peu refermé sur lui-même mais vivace, parfois rugueux, tantôt plus léger et aérien.
Rentrer dans ce roman a été un peu dur au départ. L’auteur a eu la bonne idée de ne pas avoir un seul angle d’attaque mais plusieurs, au sein de la Horde. En fait, tout membre de la Horde peu potentiellement devenir le personnage central suivant du récit. Cet aspect permet vraiment de varier les points de vue et de donner un corps, une consistance certaine, à la Horde. Cependant, un tel procédé est un peu difficile au départ pour le lecteur et d’autant plus quand les personnages sont identifiés par des symboles. Du coup, on se retrouve assez souvent à se demander qui l’on suit.
L’univers présenté dans cette œuvre est vraiment unique et inédit ! Le fantastique y est présent au travers de différents aspects et de façon très subtile. Tout est articulé autour du vent et à travers lui. Alain Damasio nous plonge dans cet univers sans nous en expliquer les subtilités et celles-ci se dévoilent au gré des péripéties de la Horde. Certains points resteront donc inexpliqués, simplement suggérés ou à l’interprétation du lecteur. Cet univers est incroyablement riche et il est décrit d’une manière captivante et tout en finesse.
Ce qui est le mieux retranscrit, c’est tout de même la cohésion de la Horde et les caractères très différents des membres qui constituent la Horde. Je pense notamment à Golgoth bien sûr, la force brute, le barbare avec un but et un seul, atteindre l’Extrême-Amont. Caracole est aussi carrément à part dans son genre et un personnage haut en couleur. Il m’a fait penser au personnage du Fou dans la saga de l’Assassin Royal (attention je ne dis pas que les personnages sont similaires ou se valent). Erg aussi est très particulier. Sov et Oroshi sont plus conventionnels mais pas inintéressant pour autant.
La Horde du Contrevent est une œuvre que je qualifierai de mature et poétique. Plus assimilée pour moi à une quête spirituelle que ce que l’on croise d’ordinaire dans le monde du fantastique. De ce que j’ai croisé jusque là je devrais plutôt dire, étant donné le peu de livres que j’ai eu l’occasion de lire. Je reproche tout de même à l’auteur d’avoir mis un peu trop de descriptions à certains endroits et ça manque peut-être légèrement de moments forts. Hormis ça c’est un très bon roman que j’ai beaucoup apprécié.