Chronique des fluides

Lourde tache que de "critiquer" un tel livre. Commençons alors par ce qui fâche.

Soyons honnête : j'ai eu une certaine difficulté (pour ne pas dire une difficulté certaine) à rentrer dans ce roman, que les critiques, les "on-dit" et mon libraire avaient habillé d'une aura titanesque. Je ne remercierai jamais assez le marque-page fourni, sur lequel étaient inscrits les symboles de chaque personnage, leur nom ainsi que leur fonction dans la Horde. Et pourtant, en grand fan de Peter F. Hamilton, je n'ai pas (habituellement) de difficultés avec les foules de personnages. Le monde est étrange, difficile à appréhender, dépaysant au-delà de tout. Et un tel univers ne s'apprivoise pas si vite, d'où une certaine confusion dans les premières pages. Un changement de narrateur incessant, indispensable pourtant, n'arrange pas la tache. Enfin, si l'écriture de Damasio est somptueuse, elle est tout autant pompeuse, et manque de fluidité. Mais l'exigence littéraire de l'auteur redore à elle-seule le genre SF/Fantasy trop souvent écorné par une écriture médiocre.

Voila pour les points négatifs. Pour le reste, ce roman est appelé à devenir un classique, tant il sort de l'ordinaire et reste dans l'esprit longtemps après le livre refermé. Voyage initiatique mêlant mécanique des fluides, spiritualité et aventure humaine dans son sens le plus littéral, sa haute qualité littéraire tout comme les thèmes abordés en font l'oeuvre idéale pour démontrer que non, la littérature de l'imaginaire n'est pas une catégorie de 2nde zone, comme trop de "littéraires" semblent le penser.

Personnellement, il a trouvé sa place à côté de "Dune" dans ma bibliothèque, et c'est un livre que je prendrai soin de faire lire à mes proches.