Dans un futur lointain, l’empire du Radch règne sur de nombreuses planètes, poursuivant une politique d’annexion agressive, grâce à des vaisseaux équipés d’IA, de soldats et d’ancillaires. Ceux-ci constituent des éléments de l’IA d’un vaisseau, créés à partir des corps des populations annexées et dont la personnalité est effacée. Anaander Mianaï, la souveraine qui règne sur le Radch, a pourtant mis un terme à la politique d’annexions depuis quelques années, pour des raisons inconnues. Breq est un ancillaire du vaisseau « Justice de Toren », détruit vingt ans plus tôt. Unique survivant du vaisseau, il veut assassiner Anaander Mianaï, qu’il rend responsable de la destruction du vaisseau. Mais comment assassiner un empereur dont l’esprit occupe plusieurs corps, dont certains estiment le nombre à plusieurs milliers ? Et que s’est-il exactement passé sur ce vaisseau ? Cela a probablement un rapport avec les mystérieux Presgers, créatures non-humaines, sanguinaires et dotées d’une technologie très développée…
La Justice de l’ancillaire est un très bon space opera, avec tous les ingrédients nécessaires. Tout d’abord, un bon gros empire galactique qui règne depuis trois millénaires, mais qui rencontre des ennemis puissants et mystérieux. Ensuite, quelques éléments de dépaysement, comme par exemple l’absence de différenciation des genres, qui amène à utiliser indifféremment le masculin ou le féminin pour parler des différents personnages du roman. Aussi, des concepts intéressants : les IA qui dirigent les vaisseaux, qui sont les vaisseaux en fait, et qui s’incarnent dans plusieurs dizaines de corps humains récupérés. Et enfin, des races inconnues, des armes surprenantes, des planètes singulières, des stations spatiales, des portes qui permettent de voyager d’un bout à l’autre de la galaxie, et des personnages dont la longévité s’étend sur des millénaires et qui permettent de donner un souffle épique et une ampleur gigantesque à l’histoire. En bref, tous les ingrédients nécessaires à un bon space opera sont présents.
Si on pense inévitablement à Iain M. Banks ou à Ursula K. Le Guin, on ne trouve dans La Justice de l’ancillaire que peu d’originalité, et on attend en vain ce petit plus qui va émerveiller, étourdir, émouvoir ou exciter. Les aspects les plus intéressants sont parfois sacrifiés ou négligés au profit des états d’âme de Breq l’ancillaire ou des subtilités politico-sociales du Radch.
Le roman est en quelque sorte victime de son succès, auréolé des prix Hugo, Nebula et Arthur C. Clarke du meilleur roman, et le prix Locus du meilleur premier roman, entre autres. On s’attend à un chef d’oeuvre, et on se retrouve avec un très bon roman, certes très agréable mais guère bouleversant. Néanmoins, le lecteur à la recherche d’un bon space op peut sans hésiter se lancer dans ce premier tome.
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