La Princesse de Clèves par corumjhaelen
"Les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements éternels ?" Voici résumé en une admirable question que pose la princesse de Clèves à Monsieur de Nemours, l'homme qu'elle aime passionnément et dont elle est pareillement aimée en retour. Tout le sujet du roman est là, et on trouve donc résumé dans ce court roman toute une conception de la passion amoureuse, finalement si étonnante pour un esprit moderne. Mais pas naïve bien sûr, comme le montre par exemple cette si subtile scène de voyeurisme (la censure a parfois du bon).
Car évidement, si je rédigeais cette critique juste après avoir lu pour la première fois La Princesse de Clèves, à 15 ans, nul doute qu'elle serait extrêmement négative et que je m'y plaindrais de la naïveté insupportable de la Princesse, de l'ennui que m'inspirait ces réflexions psychologiques à ras de terre et que sais-je encore. J'imagine qu'à l'adolescence, on dénigre ce qui nous échappe, ce qui nous permet de taxer Titanic d'idiotie, Flaubert d'ennuyeux, alors que dans le même temps on lit La Généalogie de la morale et on devient nihiliste - et l'ironie dans cela nous échappe... Bref, avec ou sans relecture, j'ai peu à peu réévalué ce roman, jusqu'à ce jour où je le considère comme l'un des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire. Le cynisme n'est forcément pas une garantie contre la naïveté je suppose.