Au Départ, Une Affinité - Pour les créatures sociales que nous sommes, les affinités sont pour beaucoup dans la manière dont nous naviguons parmi nos semblables. Avec certains, c'est comme une vieille évidence, ça clique et ça coulisse dès les premiers instants, telle une charnière bien huilée. Je range Panayotis Pascot dans cette catégorie. Tout m'est agréable à son endroit, le timbre de sa voix, la malice qui frétille au coin de son oeil, la finesse de son humour.
Dans ce contexte, le sujet de son premier livre m'a tout de suite fort intriguée. Ah bon? Derrière cette riante façade se tortillerait l'hydre de la dépression mélancolique? Après le saississant "Yoga" d'Emmanuel Carrère sur ce même thème, je ne demandais qu'à découvrir comment Panayotis avait transformé sa douloureuse matière en objet littéraire.
Un Vin Trop Jeune - J'ai trouvé la narration plutôt bien constuite, par moment le style intéressant et prometteur, mais pour le reste, plonger dans les affres d'une triple difficulté à être - un fils, un homme aimant les hommes, et un jeune artiste - sans m'avoir ennuyée, n'a pas réussi à me captiver.
Le partage de ce vécu est certainement salutaire et réconfortant - selon le principe du groupe de parole - pour ceux qui traversent une expérience et des dificultés similaires. Mais c'est aussi ce qui marque la limite de l'exercice tel que Panayotis le présente. Par son traitement assez brut et peu analytique, ce cheminement émotionnel résonne surtout, par effet miroir, auprès de ceux-là même à qui il est familier. Les autres restent sur le bord de la route, car Panayotis Pascot ne parvient pas à transcender cette plongée dans l'intime en une portée plus universelle.
J'ai aussi trouvé qu'en accordant une place aussi importante et centrale à la relation père-fils, il finissait par s'y empêtrer sans faire émerger de véritable éclairage sur ce qui s'y joue et créait aussi un angle mort sur les autres dynamiques de la cellule familiale (fraterie, relation mère-fils).
Conclusion - Tel un vin trop jeune, cette introspection aurait sans doute gagné à séjourner quelque part à l'horizontale, à l'abri de la lumière, pour décanter tranquillement et gagner en maturité. Sans être dépourvue de qualités, à moins d'être directement concerné par les thématiques abordées, on peut selon moi se dispenser de cette lecture et attendre, qui sait, que le temps, la vie et davantage de distance sur soi amènent l'auteur - dont les talents sont bien réels - à d'autres production plus abouties.
Amitiés,
Dustinette