Première incursion de ma part dans l'œuvre de Philippe Jaenada, qui s'est tourné depuis quelques années vers l'écriture de biographies consacrées à des personnalités dont la vie a été marquée par un fait divers (Bruno Sulak, Pauline Dubuisson).
Avec "La serpe", Jaenada s'intéresse cette fois à Henri Girard, un nom désormais oublié, qui connut pourtant une immense notoriété dans les années 40, lorsqu'il fut accusé d'un triple meurtre abominable, puis lorsque son roman "Le salaire de la peur" devint un véritable phénomène d'édition, au succès dopé par son adaptation au cinéma signée Henri-Georges Clouzot.
"La serpe" avait tout pour me séduire, en bon cinéphile et amateur de faits divers, et ce d'autant plus que j'ignorais totalement cette affaire incroyable, connue médiatiquement comme le mystère du triple meurtre du château d'Escoire.
Par conséquent, j'avais le profil idéal pour me faire cueillir par la construction malicieuse du récit, Jaenada s'amusant avec la perception du lecteur afin de le surprendre et de lui faire embrasser in fine sa propre thèse.
Mon seul regret concerne les nombreuses disgressions de l'auteur, qui rendent la lecture un peu indigeste par moments (plus de 600 pages).
Certaines parenthèses concernent les faits eux-mêmes, et peuvent se comprendre, au vu du travail de recherche impressionnant effectué par Jaenada, qui par conséquent souhaite tout mettre dans son livre - jusqu'à l'excès à mon avis.
Par ailleurs, les disgressions d'ordre personnel m'ont semblé trop présentes ; le ton humoristique de Jaenada s'avère sympathique, mais pas autant que l'auteur ne semble le penser.
Un bémol somme toute assez secondaire, tant "La serpe" sera parvenu à me captiver tout au long de la lecture, en particulier dans sa première moitié. Une belle réussite pour Philippe Jaenada, qui sera d'ailleurs récompensé du prix Femina pour ce roman.