Si tu pensais que Tchernobyl n’était qu’un accident nucléaire figé dans les manuels d’histoire, La Supplication de Svetlana Alexievitch est là pour te rappeler que la catastrophe ne s’est jamais vraiment arrêtée, et qu’elle continue de résonner dans les voix de ceux qui l’ont vécue.
L’histoire ? Il n’y en a pas une seule, mais une centaine. Ce livre est un chœur de témoignages, des récits bruts et déchirants de ceux qui ont vu leur monde basculer en quelques secondes : liquidateurs sacrifiés, habitants arrachés à leurs terres, soldats envoyés sans protection, mères pleurant des enfants irradiés, paysans refusant de quitter leur village contaminé. C’est une plongée dans l’horreur invisible du nucléaire, où la science-fiction la plus cauchemardesque devient une réalité quotidienne.
Le gros point fort ? C’est une claque monumentale. Alexievitch ne commente pas, ne théorise pas : elle donne la parole, et le résultat est bouleversant. Chaque voix est unique, chaque histoire est une douleur à vif qui t’arrache des frissons. C’est à la fois un livre sur la tragédie humaine et une réflexion vertigineuse sur la mémoire, l’oubli, et ce que signifie "vivre après la fin du monde".
Le hic ? C’est dur. Très dur. Si tu cherches une lecture légère, passe ton chemin. Les témoignages sont parfois insoutenables et te laissent avec un poids sur la poitrine. Ce n’est pas un livre à dévorer d’une traite, mais à digérer lentement, en acceptant d’être secoué.
Bref, La Supplication, c’est un livre nécessaire, un monument de la littérature du réel qui te hante bien après l’avoir refermé. À lire si tu veux entendre les fantômes de Tchernobyl te raconter leur vérité… mais sois prêt à ne plus jamais voir cette catastrophe de la même manière.