Que reste t'il de nos amours ? (ou de Laura Palmer)
Il y a des chefs d’œuvre universels et intemporels et des livres qui embrassent leur temps. La Vérité sur l'affaire Québert est à ranger dans la deuxième catégorie mais dans le haut de la pile !
Par curiosité j'ai parcouru les critiques et c'est le style, le traitement de l'amour et les personnages qui sont le plus décriés, alors oui le style n'est sûrement pas à la hauteur de l'académie et les dialogues sont parfois un peu longs, mais on est tout de même très loin des 450 mots de vocabulaire utilisés par Mary Higgins Clark et consort. La lecture s'avère fort plaisante et précise (et ce malgré tous ces allers retours passé et présent).
Les personnages n'ont pas une profondeur exceptionnelle voire pour certains sont de véritables stéréotypes,oui il n'y a pas de description balzacienne. Reste l'Amour, celui avec un grand A, bon là encore, l'auteur excelle plus dans le policier que dans l’écriture d'un chef d’œuvre sur l'amour ce qui explique que la première partie sur l'histoire entre Nola et Harry est en dessous de la deuxième partie et du duo flic/écrivain.
Tout cela pour dire que oui les critiques sont fondées mais en se focalisant dessus on passe peut être aussi d'un petit bijou de notre temps.
Tout d'abord c'est avec un réel plaisir qu'on pose et reprend ce livre, l'intrigue est captivante, la fin détonante, les références au métier d'écrivain pas toutes niaises.
Même si on est loin de la quatrième de couverture qui vend le livre comme le nouveau Tocqueville, éclairant les us et coutumes de la société américaine, on déambule avec plaisir dans cet espace de nature qu'est la côte Est.
Et c'est sûrement ces pérégrinations qui inscrivent ce livre dans notre temps: on ne peut s'empêcher de penser à la série de D. Lynch Twin Peaks, à une écriture de type "série" basée sur les rebondissements et où la construction des personnages se fait sur la longueur et par touches et où le sacro saint style est parfois sacrifié au profit du scénario.
Je conseillerai donc sans hésiter ce livre aux gens qui aiment les bons policiers, qui sans vénérer un style ampoulé aime être considérés et qui attendent avec impatience la reprise de leurs séries préférés chaque rentrée (et qui considèrent Twin Peaks comme une référence !)