Autobiographie sexuelle et intellectuelle sans complaisance
Plus de six mois plus tard, je ne sais toujours pas quoi en penser. Ce livre échappe à tout ce que j'ai déjà lu. Catherine Millet s'y livre à une rétrospective de sa pratique sexuelle avec un luxe de précision qui sont rarement excitantes, bien au contraire. C'est absolument sans complaisance, elle s'y montre assoiffée en plein désert sexuel, mais au milieu d'une orgie : pantelante sur une table sans savoir qui est en elle et combien sont déjà passés.
Elle même ne sait pas d'où lui vient cette envie irrépressible d'être prise sans cesse mais il est sûr quand on la lit qu'il ne s'agit ni d'un avilissement ni d'une humiliation pour elle. Sa démarche autobiographique est aussi radicale que celle d'Emmanuel Carrère par exemple, dont elle partage d'ailleurs le goût d'une langue belle, parfois poétique à force de réalisme.
Le seul problème finalement dans ce livre se cache dans sa structure. Peut-être ne l'ai-je pas assez étudié, peut-être mérite-t-il une plus grande analyse, mais il finit par lasser par son côté répétitif et je me suis surpris plusieurs fois à sauter des pages pour aller à la prochaine scène de sexe ou à l'anecdote suivante.
Car La vie sexuelle de Catherine M. est plus un essai qu'une autobiographie. Il sent tout autant les vapeurs de peinture que les odeurs de sexe. Sa structure en parties quasi ésotériques semblent obéir à un code secret que seule son auteur et une poignée d'élus (les échangistes? les critiques d'art?) sauraient reconnaître. C'est vraiment dommage car j'ai admiré la langue utilisée et la position radicale