Ivon Jablonka, historien et écrivain, nous donne sa vision de l"affaire Laëtitia Perrais", un terrible fait divers survenu en 2011 et signe Laëtitia ou la fin des hommes. Il obtient le prix Médicis pour son oeuvre qui traite de l'affaire à la fois d'un point de vue sociologique,historique et psychologique. Son pari ? "Pour comprendre un fait divers en tant qu'objet d'histoire, il faut se tourner vers la société, la famille, l'enfant, la condition des femmes, la culture des masses, la justice, le politique, l'espace de la cité (...)".
Laëtitia Perrais a été tué à 18 ans en Bretagne en 2011. Le fait divers devient rapidement une affaire d'Etat puisque Sarkozy, alors président, accuse les juges de ne pas avoir correctement fait leur travail et de ne pas avoir éviter ce crime. Ces derniers font grève car pour eux, le problème est le manque de moyens qu'est justement sensé leur fournir l'Etat. Ivon Jablonka critique l'ampleur politico-médiatique de l'affaire et se penche davantage sur l'histoire vécue de la jeune fille, depuis son passé jusqu'à sa mort, pour mieux la faire revivre. Il assistera au procès de 2015.
Cette histoire, inspirée de fait divers, traite d'un aspect sociologique très intéressant : le pouvoir des médias et de la politique. Pour l'auteur, Sarkozy s'est emparé de cette affaire pour asseoir son pouvoir, suite à quoi il s'est créé un phénomène médiatique important. Le tout, au détriment, de la victime elle-même, oubliée, et juste utilisée pour servir les vivants.
Laëtitia est très fourni d'un point de vue historique, et ainsi très enrichissant. On y apprend beaucoup sur le droit dans l'histoire et le droit des femmes. Par ailleurs, l'auteur retrace l'affaire de l'enquête jusqu'au procès.
Enfin, et surtout, Laëtitia revit à travers ce livre par l'aspect psychologique qui est traité. C'est une biographie, plus ou moins romancée en fonction des preuves et indices sur le passé de la jeune femme.
L'oeuvre a également un côté féministe très présent, qui se comprend ici par la violence des hommes omniprésente dans la vie de la victime. L'auteur prend aussi parti pour les juges, et donc contre Sarkozy, qui n'ont pas eu les moyens de bien travailler et d'éviter ce drame.
Laetitia est très enrichissant, par les aspects qui y sont traités et par un travail important de documentation. Il est aussi très dur par les thèmes abordés : la mort, le viol, la violence.