La Notice

Oh. Je reste sur le cul comme un vieux slip. Mais comment peut-on ficeler une enquête aussi rocambolesque avec autant de précision ? Elle m’a «ctrl + p», elle m’a impressionné.

Il va sans dire qu’on frôle l’excellence du genre. Agatha Christie impose le respect, avec ce qui doit être une de ses œuvres les plus abouties. Et c’est par la maîtrise de son mystère, qu’elle éclaircit malicieusement millimètre par millimètre, qu’elle brille. Elle joue avec le lecteur. C’est un véritable puzzle littéraire.

Mais qu’attends-je de la littérature ?

J’attends qu’un livre m’élève, me fasse réfléchir, me provoque des émotions, me fasse voyager à travers des images. Et autant vous dire que l’LSD est beaucoup plus efficace pour tout ça.

Poirot est un grand personnage, certes, mais qui réfléchit pour nous dans des histoires qui s’apparentent presque à des notices. Les personnages n’exercent que des fonctions et répondent à des clichés. À moins que…

Cette visite n’eut guère demandé plus de deux minutes si Mme.Hubbard n’avait insisté pour qu’on admira les photographies de «ma fille» et de deux gamins plutôt laids.
– Les enfants de ma fille. N’est-ce pas qu’ils sont mignons ?

Ce fut un grand moment : le seul écart du bouquin. Le seul moment où on s’écarte de son schéma typique des travaux pratiques : Question ; Observation ; Interprétation ; Conclusion.

Et c’est dommage qu’il n’y ait aucune autre fantaisie et que la trame soit si stricte et unidirectionnelle. Car finalement, comme dans un TP, la lecture de l’énoncé ou l’exposition de l’histoire est reloue. Il faudra attendre Poirot le magicien démêlant le nœud pour tirer satisfaction à coups de «Aaahhhhh». (Ceci n’est pas une métaphore sexuelle.)

La portée d’un couteau-suisse donc. Mais le mérite de transformer le cerveau en Rubik’s cube le temps d’un voyage un train. Certes je ne retire aucune élévation spirituelle à finir le schmilblick, mais il s’en dégage tout de même une certaine satisfaction. Et dégager quelque chose c’est beau. Certains en font même un objectif de vie. Cette critique est dédicacée à Marine Lepen.