Faisant penser au Nez de Gogol ou encore à la Métamorphose de Kafka, Dostoïevski livre ici une nouvelle à l'absurde fort poussé mais si drôle. Alors que je n'ai guère goûté sa percée vers l'humour dans "La femme d'un autre et le mari sous le lit" qui m'avait semblé plutôt lourde et poussive, malgré une idée de départ alléchante, ici, le bon ne s'arrête pas au sujet et les dialogues sont souvent hilarants. Derrière tout ça, transparaît aisément une critique assez acerbe des sociétés capitalistes françaises et allemandes que ce cher Fédor ne semble pas porter dans son cœur.
Si vous avez une heure à perdre, ou plutôt à gagner, penchez-vous donc (mais attention à ne pas finir comme ce pauvre Ivan !) sur ce Crocodile dont je ne peux m'empêcher de vous livrer un extrait :
(au sujet d'Ivan dans le crocodile et sur la question d'ouvrir ou pas le ventre de ce dernier)
"Il a le loisir de méditer. Bien sur qu'il ne faut pas le laisser s'étouffer et qu'on doit prendre des mesures pour la sauvegarde de sa santé ; par exemple, qu'il veille à ne pas s'enrhumer... Pour ce qui est de l'allemand, il me paraît dans son droit et même plus que sa partie adverse : on est entré sans permission dans son crocodile et ce n'est pas lui qui est entré dans le crocodile d'Ivan Matvéitch, lequel du reste, n'en possède pas, si je ne me trompe."