Le Feu follet, publié en 1931, est un roman de l'écrivain Français Pierre Drieu la Rochelle. Sujet compliqué pour beaucoup, car le nom de l'auteur n'est depuis prononcé qu'accompagné d'un certain sentiment de malaise : sympathisant nazi, idées nauséabondes, admirateur du stalinisme... si lire Drieu dans le métro vous mets mal a l'aise, n'hésitez pas a le cacher un Charlie Hebdo. #astuce ;)
Le Feu follet, qu'est-ce que c'est ? C'est la chronique d'Alain, homme désabusé, pseudo dandy pathétique et léthargique : il est le portrait (caché) d'un pays d'entre deux guerres, qui peine a se trouver. Le souci d'Alain est son addiction a l’héroïne, drogue qui lui permet de faire face a une réalité qui lui est difficilement supportable.
En effet, Alain ne "touche" plus les choses : quand il ne soutire pas de l'argent a ses amis ou sa maîtresse Américaine, ce matérialiste passe son temps en cure de désintoxication, mentant a ses docteurs en prétendant ne plus se piquer. Alain ne gagne jamais d'argent, n'a aucune vision sur rien, ne laisse aucun impact sur quiconque : en un mot, il est un fantôme, tant pour les autres que pour lui-même. Le rapport a soi, au travers d'autrui comme de lui-même, lui est compliqué.
Le Feu follet nous conte donc la dernière journée de cet homme, passée a visiter ses proches dans un Paris maussade jonché de poubelles. Les protagonistes qui défilent seront l'occasion pour Alain de se rendre compte de la vacuité de son quotidien et de sa léthargie : il est bien connu qu'on ne peut pas aider un homme qui refuse de s'aider soi-même, et c'est malheureusement ce qui précipitera la fin du récit.
Écrit d'un style sobre et mesuré, le roman se lit sans aucun accroc et sait renouveler son intérêt par quelques envolées brillantes qui m'ont un peu rappelée Roman avec cocaïne, un autre roman du 20eme siècle traitant également d'un laissé pour compte. J'ai été fascinée par cette descente aux enfers, portée au cinéma par Louis Malle. Brillant récit sur le vide et l'addiction, sorte de décadence d'entre deux guerre, Le Feu follet est un roman qui touchera facilement celles et ceux qui n'ont pas peur d'un récit lent, plus axé sur la psychologie de son personnage que sur des péripéties - qui n'arrivent jamais, et c'est bien le souci...