Peut-on vivre homme sans l'amour d'une mère ? Telle est la question que semble porter le roman de Marcus Malte, Le garçon, qui s'ouvre et se clôt sur la mer. On suit la vie de ce garçon, depuis son enfance jusqu'à sa vieillesse, sans assister ni à sa naissance ni à sa mort. On lit le coeur de son histoire. Le personnage ne parle pas et n'a pas de nom.
Le livre s'ouvre sur un enfant qui porte sa mère, une inconnue pour lui puisqu'elle lui a à peine parlé, ni porté attention et n'a pas davantage été présente. Quand celle-ci meurt près de la mer, comme elle le souhaitait, il part seul dans la nature et rencontre des villageois qui l'accueille, d'abord comme un esclave puis l'adopte comme l'un des leurs. Puis il découvre l'ogre des Carapates, qu'il accompagne lors de ces pérégrinations de villages en villages avec sa roulotte pour des démonstrations de force. Le livre prend un autre tournant quand le garçon rencontre Gustave et la fille de ce dernier, Emma. Férue de piano et littérature, elle prend soin de son veuf de père. C'est elle qui donne un nom au garçon qu'elle appelle Félix. Ensemble ils vont découvrir les joies de la sexualité et des sentiments. Mais la guerre les rappelle à de plus terribles réalités. Félix s'engage pendant qu'Emma désespère de le revoir un jour. Quand il revient miraculeusement à elle, leur insouciance s'est envolée. Il vit le stress post-traumatique, la guerre, la violence et les morts hantant ses nuits et ses jours. Emma, malade, meurt jeune. Il se retrouve seul à nouveau. Il fait de la prison, puis part en Amérique et finit par retrouver la mer qu'il voulait absolument revoir.
Le garçon est l'histoire d'un voyage, celui de la vie. "C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements." La vie est longue, le livre aussi. Cependant, il questionne sur l'humanité, du garçon, mais aussi de l'homme en général qui vit l'amour et la guerre. Quel sens apporter à cette vie ? Le mutisme du garçon est peut-être la réponse la plus juste.