Je n'avais pas replongé dans un "livre dont vous êtes le héros" depuis mon adolescence, je ne parle donc pas en tant qu'amatrice du genre, et n'ai aucun autre ouvrage en tête pour le comparer à celui-ci. En revanche, en qualité de lectrice et joueuse chevronnée dans d'autres circonstances, je mesure le potentiel d'immersion et de fun que peut offrir une oeuvre comme celle-ci, et je m'y suis lancée avec l'espoir d'y passer des heures, dans un univers de science-fiction proche de mes goûts habituels. Une expérience inédite, à l'ancienne, qui sent bon le dimanche, qui va me tenir en haleine, faire parler mon imaginaire, mon astuce, des énigmes ! de l'attention ! du hasard ! des bonhommes dans l'espace ! - bref, j'avais un peu trop misé à la base.
"Le mercenaire de l'espace" se déroule dans un vaisseau spatial, le Vandervecken, où le personnage que vous incarnez s'est infiltré dans le but de trouver et arrêter le savant dément Cyrus, qu'on suppose très très méchant sans jamais bien savoir pourquoi. Mais fi de cela, on a un gentil, un méchant, un objectif, les bases sont sommaires mais on a connu des oeuvres qui s'en tiraient à bon compte avec si peu de matière de départ.
A plusieurs reprises, en croisant au fil des pages des paysages naturels, ou une communauté de créatures primitives, ou des robots philosophes, j'ai pensé que l'intrigue pouvait vriller, s'étoffer, nous embarquer dans un univers inattendu, jouer avec les codes. Mais au final, tout événement s'est révélé anecdotique et sans conséquence, comme si chaque paragraphe numéroté de l'oeuvre était bel et bien indépendant du reste.
Au final, j'ai terminé ma vaine quête en deux heures à tout casser, passé pas mal de ce temps-là à choisir entre aller à droite ou à gauche, anéanti les différents ennemis avec bien peu de difficultés - notamment le boss final -, pour être récompensée par trois lignes de conclusion minables, à la mode des jeux vidéo d'antan qui n'imaginaient pas qu'on puisse en voir le bout...
J'ai pris quelques notes sur des indices qui auraient pu être pertinents pour la suite de l'aventure, mais qui n'ont quasiment jamais été utiles ; j'ai sauté des mots à la lecture tant le style d'écriture était pauvre et factuel ; j'ai pesté quand les quelques bonnes idées passaient à la trappe dès le paragraphe suivant (allez, vas-y, t'en fais quoi de ta capsule cryogénique ? Quoi ? T'y mets une araignée avec une conversation qui ennuie le personnage lui-même ? Ben oui, on se casse, du coup...).
Je crois que ce qui m'a finalement le plus amusé dans cette expérience, c'est 1) la nostalgie de l'époque où je lisais ce genre de bouquins, et 2) de jeter mes dés en posant le livre, et en faisant moi-même les dialogues et les bruitages comme une gamine de cinq ans. J'aurais dû m'acheter des Lego pour m'occuper ce week-end, ça aurait duré plus longtemps, et ça m'aurait moins frustrée.
Allez, j'en ai un deuxième dans ma pile, je laisse quand même une chance à un autre auteur. Hello Frankenstein.